Des centaines de bancs-pupitres, pourtant essentiels à l’apprentissage, sont restés immobilisés pendant des mois dans un entrepôt à Kenge. Cette situation illustre-t-elle les difficultés logistiques chroniques qui entravent l’éducation en République Démocratique du Congo ? Alors que le gouvernement central affiche sa volonté de renforcer l’environnement scolaire, la réalité sur le terrain révèle souvent un parcours semé d’embûches. La récente distribution de 2 246 bancs dans la province du Kwango en est un exemple édifiant.
Ces équipements scolaires, destinés aux écoles publiques de la province, avaient été livrés en pièces détachées depuis Kenge vers les différents territoires. Un programme censé améliorer concrètement les conditions d’étude pour des milliers d’élèves. Les établissements de Kenge 1 et des zones environnantes ont ainsi reçu 1 478 bancs, tandis que ceux de Kasongo Lunda en ont bénéficié 168. Des chiffres qui, sur le papier, promettent un mieux-être palpable dans les salles de classe souvent surchargées.
Pourtant, cette opération louable a rapidement buté sur des obstacles logistiques. Le gouvernement provincial du Kwango, chargé de la redistribution, avait pris la décision de démonter les bancs pour faciliter leur transport vers des zones parfois enclavées. Une stratégie qui semblait pragmatique, mais qui a finalement conduit à un ralentissement critique de l’acheminement. Comment un processus conçu pour accélérer la distribution a-t-il pu se transformer en facteur de retard ? La question mérite d’être posée, alors que les besoins en matériel scolaire au Congo restent immenses.
Le stockage prolongé de ce matériel dans l’enceinte de la Caritas à Kenge pose également question. Pendant plusieurs mois, ces kits scolaires ont attendu, alors que des élèves s’asseyaient à même le sol ou sur des supports précaires. Cet immobilisme a nécessité une intervention urgente du ministère de l’Éducation nationale pour débloquer la situation et garantir la continuité du processus. Deux cents bancs ont finalement pu être transférés à Bukanga Lonzo en deux rotations, et 400 supplémentaires sont en cours d’acheminement vers Feshi. Une course contre la montre pour rattraper le temps perdu.
Au-delà de l’anecdote, cette distribution de bancs pupitres dans le Kwango met en lumière un défi récurrent : la traduction des bonnes intentions gouvernementales en actions tangibles sur le terrain. Le ministère réaffirme son engagement à veiller à la bonne exécution des opérations et à promouvoir une citoyenneté responsable. Mais les acteurs locaux, enseignants et directeurs d’école, attendent surtout des résultats concrets et durables. La qualité de l’éducation en RDC passe inexorablement par l’amélioration des infrastructures de base. Un élève qui peut s’asseoir correctement est un élève qui se concentre mieux.
La réussite de telles initiatives de distribution de kits scolaires dépend d’une chaîne logistique fluide et d’une coordination efficace entre le niveau central et les provinces. L’épisode du Kwango servira-t-il de leçon pour optimiser les futures campagnes ? L’enjeu est de taille, car il s’agit ni plus ni moins de l’avenir de toute une génération. Améliorer les conditions d’apprentissage dans les écoles publiques congolaises n’est pas une option, mais une nécessité absolue pour le développement du pays. La route est encore longue, mais chaque banc-pupitre installé est un pas dans la bonne direction.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
