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PAM Kasaï-Central : les journalistes en première ligne contre la désinformation à Kananga

À Kananga, le simple bruit d’une distribution alimentaire peut désormais déclencher des frissons d’inquiétude chez les humanitaires. Les rumeurs courent, se déforment, se propagent comme une traînée de poudre dans les quartiers populaires, jusqu’à mettre en péril des opérations vitales du Programme alimentaire mondial (PAM). Dans cette province du Kasaï-Central, la désinformation est devenue une menace silencieuse, sapant les efforts pour venir en aide aux populations vulnérables. Comment des mots, de simples mots, peuvent-ils devenir des armes contre ceux qui tentent de nourrir les affamés ?

Face à cette crise de confiance, le PAM a décidé de frapper à la porte de ceux qui maîtrisent le pouvoir de la parole : les journalistes. Une séance d’échanges a réuni, samedi, les professionnels des médias locaux, non pour leur donner une leçon, mais pour les enrôler comme partenaires dans une bataille décisive. Claude Kalinga, chargé de communication et d’engagement communautaire du PAM pour la région, ne cache pas l’urgence de la situation. « Le manque d’informations pousse les populations à formuler des accusations infondées contre notre organisation », explique-t-il, le visage marqué par une lassitude que seule procure la lutte contre des fantômes. Ces accusations, souvent relayées sur les réseaux sociaux ou par le bouche-à-oreille, créent un climat de défiance qui complique considérablement le travail sur le terrain.

L’objectif de cette rencontre était double : présenter le mandat du PAM et ses réalisations concrètes en RDC, et surtout, forger une alliance stratégique. Car dans un contexte où les rumeurs persistent, l’agence onusienne ne peut plus se contenter de réagir. Elle doit anticiper, et pour cela, elle a besoin d’yeux et de voix de confiance sur l’ensemble du territoire. « Vous êtes des partenaires privilégiés du PAM parce que nous ne pouvons être partout à la fois », a insisté Claude Kalinga devant l’assemblée de journalistes. Son appel est clair : il s’agit de faire des médias une « main allongée du PAM », capable de relayer une information fiable et vérifiée, directement à la source. « Vous êtes maintenant outillés. Et sur cette base, vous allez diffuser la bonne information à la population », a-t-il ajouté, plaidant pour un contact permanent entre l’agence et les rédactions.

Mais pourquoi la désinformation trouve-t-elle un terrain aussi fertile au Kasaï-Central ? La réponse est complexe, mêlant défiance historique envers les institutions, précarité extrême et frustration sociale. Dans des communautés où l’aide est parfois perçue comme un enjeu politique ou un privilège accordé à certains, la moindre rumeur – un camion détourné, une liste de bénéficiaires tronquée – prend des proportions démesurées. Ces fausses informations ne sont pas anodines. Elles peuvent retarder des distributions, mettre en danger le personnel humanitaire, et finalement, priver des familles entières de l’assistance dont elles ont cruellement besoin pour survivre.

Cette initiative à Kananga s’inscrit dans un effort plus large du Programme alimentaire mondial en RDC pour protéger ses opérations humanitaires. Le pays, vaste et complexe, est le théâtre de multiples crises où l’information est une denrée aussi rare que cruciale. En associant les journalistes locaux, le PAM reconnaît leur rôle de pont essentiel entre les organisations internationales et les communautés. Il s’agit de construire une résilience informationnelle, de tarir la désinformation à sa source en offrant une alternative crédible et transparente.

Le défi est de taille. Il demande aux journalistes une rigueur accrue, un sens aigu de la vérification, et parfois, le courage de contredire des récits populaires mais faux. En contrepartie, ils gagnent un accès privilégié à l’information, une meilleure compréhension des enjeux humanitaires, et surtout, la satisfaction de servir l’intérêt supérieur de leur communauté. La lutte contre la désinformation n’est pas seulement une question de réputation pour le PAM ; c’est une condition sine qua non pour la poursuite de sa mission salvatrice. Dans les provinces comme le Kasaï-Central, où les besoins sont immenses, chaque rumeur neutralisée, chaque information vérifiée diffusée, représente une victoire concrète. Une victoire qui se mesure, in fine, en vies sauvées et en dignité restaurée.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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