Plus de 11 000 personnes ont franchi une étape cruciale ce dimanche 30 novembre, se présentant aux épreuves écrites de l’examen d’admission à l’École nationale d’administration (ENA) en République démocratique du Congo. Cet événement national, destiné à sélectionner la future 10e promotion, a mobilisé 11 313 candidats, dont 2 715 femmes, sur l’ensemble du territoire. Une mobilisation massive qui interroge : la fonction publique congolaise réussira-t-elle son pari du renouvellement par les compétences ?
Le ministre de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau, a personnellement lancé les épreuves à Kinshasa, épicentre de l’examen avec 7 274 candidats répartis sur deux sites prestigieux : l’Université Protestante au Congo et la Haute École de Commerce. Dans son discours, le vice-Premier ministre a clairement affiché l’ambition du gouvernement : rajeunir et professionnaliser l’administration en recrutant sur la base du mérite. Une vision que partage le Directeur général de l’ENA, Tombola Muke, qui s’est félicité du déroulement sans incident majeur dans les 26 provinces.
Mais au-delà des chiffres impressionnants, c’est le sujet même de l’épreuve qui a captivé l’attention. Unique pour tous les candidats ENA 2025, la dissertation portait sur un enjeu central pour le pays : « Comment la numérisation peut-elle améliorer le service public en RDC ? ». Un thème qui n’est pas anodin et qui semble indiquer la direction que souhaite prendre l’État. La question de la numérisation service public RDC est ainsi placée au cœur de la formation des futurs cadres de la nation. Un choix stratégique, alors que l’administration publique congolaise est souvent pointée du doigt pour ses lenteurs et sa complexité.
À la sortie des salles, les premières impressions étaient plutôt positives. Mannca Kapinga, l’une des candidates, a estimé que le test écrit ENA était « accessible à toute personne bien formée ». Un avis qui contraste avec la réputation d’extrême sélectivité de cet examen. Pourtant, le chemin est encore long pour les aspirants fonctionnaires. Après cette première barrière écrite, les lauréats devront se préparer pour un test oral, prévu avant la fin janvier 2026. Au final, seuls cent élus rejoindront les bancs de la prestigieuse école nationale d’administration Congo.
Cette sélection drastique pose naturellement des questions. Une centaine de places pour plus de onze mille candidats : le système est-il conçu pour identifier les meilleurs talents ou simplement pour filtrer une masse trop importante ? Le ministre Lihau apporte un élément de réponse en affirmant vouloir faire de l’administration « un pilier de l’État ». La qualité prime donc, semble-t-il, sur la quantité. Mais cette approche suffira-t-elle à transformer en profondeur une machine administrative souvent décriée ?
L’enjeu est de taille. Les futurs diplômés de l’ENA seront appelés à occuper des postes de responsabilité dans les ministères, les administrations territoriales et les entreprises publiques. Leur formation, axée sur les valeurs républicaines et l’efficacité managériale, est cruciale pour l’avenir du pays. L’accent mis sur la numérisation dans le sujet de dissertation est un signal fort : la RDC entend moderniser sa gouvernance et rattraper son retard technologique. La réussite de ce virage numérique dépendra en grande partie de la capacité de ces futurs hauts fonctionnaires à impulser le changement.
Alors que les copies sont en cours de correction, l’attente commence pour les milliers de candidats. Leur rêve ? Intégrer cette institution qui se veut le creuset de l’excellence administrative. Pour le gouvernement, le succès de cette session d’examen admission ENA RDC est un premier test de sa capacité à réformer en profondeur. La route est encore longue, mais le premier pas, celui de la sélection par le mérite, semble avoir été franchi avec sérieux et détermination. Reste à savoir si les promesses de modernisation et de rajeunissement trouveront une traduction concrète dans les années à venir.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
