Le centre commercial de Cantine-Aloya, véritable plaque tournante économique du Nord-Kivu, connaît une paralysie sans précédent depuis ce samedi 29 novembre. Cette grève illimitée, décidée par une centaine d’opérateurs économiques lors d’une assemblée générale extraordinaire, révèle une crise profonde qui mine le tissu économique de cette région stratégique.
Quelles sont les véritables raisons derrière cette contestation qui frappe de plein fouet l’économie locale ? Les commerçants pointent du doigt deux maux persistants : l’insécurité grandissante et la prolifération des taxes qui étouffent leurs activités. Selon le président de la FEC Beni, antenne locale, le bilan est alarmant : pas moins de vingt-cinq maisons commerciales ont été systématiquement cambriolées depuis juin dernier, avec des marchandises volées représentant des pertes économiques considérables.
La situation sécuritaire dans le Nord-Kivu atteint un seuil critique, transformant ce carrefour commercial autrefois prospère en zone à haut risque. Les opérateurs économiques, exaspérés par cette insécurité persistante, ont donc choisi la grève comme ultime moyen de pression. Cette décision radicale intervient dans un contexte où la multiplication des taxes imposées aux commerçants de la RDC crée un environnement des affaires particulièrement hostile.
Comment cette grève à Beni impacte-t-elle l’ensemble de la région ? La localité de Cantine-Aloya occupe une position géostratégique cruciale, servant de carrefour commercial entre Butembo, Mabalako, Mangina et une partie du territoire de Mambasa en Ituri. Cette paralysie commerciale risque donc d’avoir des répercussions en cascade sur toute la chaîne économique régionale.
La société civile locale, solidarisant avec le mouvement, alerte sur les conséquences désastreuses pour une population déjà vulnérable. Dans cette zone à forte potentialité agricole et minière, l’arrêt des activités commerciales pourrait provoquer une flambée des prix et une pénurie de produits de première nécessité. Les taxes qui frappent les commerçants de la RDC finissent inévitablement par peser sur le pouvoir d’achat déjà faible des consommateurs.
Face à cette crise, les autorités locales tentent d’apaiser les tensions. Le chef de la localité a lancé un appel au calme, invitant les opérateurs à reprendre le travail en attendant « une prise en charge de leurs doléances par la hiérarchie ». Mais cette promesse suffira-t-elle à convaincre des commerçants qui ont épuisé leur patience ?
La FEC Beni, par la voix de son représentant local, souligne l’urgence d’une intervention des autorités provinciales et nationales. L’enjeu dépasse largement le simple cadre de Cantine-Aloya : c’est toute la crédibilité de l’État de droit et de la protection des investissements en RDC qui se joue dans cette affaire.
La question fondamentale reste : comment rétablir durablement la sécurité et la confiance nécessaires au redémarrage des activités économiques ? La résolution de cette crise passe nécessairement par une réponse coordonnée aux deux revendications principales : renforcement significatif de la sécurité et rationalisation du système fiscal. Sans cela, la grève des commerçants risque de s’installer dans la durée, avec des conséquences économiques et sociales incalculables pour toute la région du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
