Dans les couloirs du ministère des Droits humains à Kinshasa, une atmosphère historique plane ce vendredi 28 novembre. Les représentants des diverses confessions religieuses de République Démocratique du Congo viennent de sceller un engagement crucial : celui de porter la voix des victimes de l’Est du pays dans chaque lieu de culte. Après l’adhésion des églises catholique et protestante, c’est au tour des autres confessions de rejoindre cette campagne nationale pour la reconnaissance du génocide congolais.
Comment rester insensible face aux drames qui se jouent quotidiennement dans l’Est de la RDC ? Cette question résonne désormais dans toutes les communautés religieuses du pays. Les pasteurs, imams et responsables des églises de réveil ont unanimement accepté de vulgariser les résolutions de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), ainsi que celles de la société civile africaine. Un pas décisif vers une prise de conscience collective.
Le président de la plate-forme des Églises de réveil au Congo ne cache pas son émotion. « Ces deux résolutions vont enrichir nos prédications afin que le génocide soit reconnu par tous les Congolais », affirme-t-il avec conviction. Son témoignage illustre cette volonté commune de briser le silence autour des atrocités commises. Mais jusqu’où cette mobilisation religieuse pourra-t-elle changer les mentalités ?
L’archevêque Evariste Ejiba porte une vision claire : « Nous souhaitons que tous les Congolais parlent un même langage sur ce qui se passe dans l’Est de la RDC ». Son plaidoyer trouve écho dans les différentes communautés religieuses qui s’apprêtent à transformer leurs lieux de culte en espaces de sensibilisation active. Les sermons du dimanche et les prières du vendredi deviendront-ils les nouveaux vecteurs de cette campagne de droits humains en RDC ?
Du côté du gouvernement, le ministre des Droits humains, Samuel Mbemba, affiche une satisfaction mesurée. « Nous nous réjouissons que nos interlocuteurs aient accepté de s’engager dans ce combat initié par le Chef de l’État Félix Tshisekedi », déclare-t-il. Cette collaboration État-confessions religieuses marque un tournant dans l’approche de sensibilisation sur les questions de génocide. La campagne gagne en ampleur, promettant une sensibilisation plus profonde des citoyens congolais.
Dans les marchés de Kinshasa, les réactions des fidèles se font déjà entendre. « Enfin, nos leaders spirituels parlent de ce que nous vivons depuis des années », témoigne une commerçante rencontrée devant la cathédrale. Son regard porte l’espoir de millions de Congolais qui attendent que la vérité éclate au grand jour. La reconnaissance du génocide en RDC deviendra-t-elle une réalité grâce à cette mobilisation sans précédent ?
Les résolutions de la CADHP, longtemps cantonnées aux cercles politiques et associatifs, vont désormais descendre dans la rue, portées par la crédibilité morale des confessions religieuses. Cette vulgarisation massive pourrait changer la donne dans la quête de justice pour les victimes. Mais suffira-t-elle à faire bouger les lignes sur la scène internationale ?
Alors que le Rwanda continue de nier son implication dans les massacres à l’Est du Congo, cette union sacrée entre toutes les confessions religoises représente un front uni difficile à ignorer. La route vers la reconnaissance internationale du génocide congolais reste longue, mais chaque sermon, chaque prêche, chaque prière devient désormais une arme pacifique dans ce combat pour la vérité et la justice.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
