Le lac Maï-Ndombe vient une nouvelle fois de se transformer en piège mortel pour des voyageurs congolais. Une baleinière reliant Kiri à Kinshasa a chaviré dans des conditions dramatiques, emportant avec elle une vingtaine de vies selon les premiers bilans. Parmi les victimes, l’abbé diacre Ferdinand Ikela, ordonné il y a à peine quelques semaines, dont la jeune carrière sacerdotale s’est brutalement interrompue dans les eaux tumultueuses du lac.
Que s’est-il vraiment passé entre 18h et 19h ce jour fatal ? Les témoignages convergent vers un ouragan soudain qui se serait abattu sur le lac, transformant la navigation paisible en cauchemar aquatique. À environ 100 kilomètres d’Inongo, l’embarcation surchargée n’a pu résister à la fureur des éléments. Les images qui nous parviennent décrivent une scène de panique indescriptible où passagers et bagages se sont mélangés dans une lutte désespérée pour la survie.
Le gouvernement provincial, par la voix du gouverneur Nkoso Kevani, exprime son incompréhension face à la durée anormale du trajet. « La baleinière a quitté le port à 9h, c’est quand même le matin. Mais on ne comprend pas pourquoi jusqu’à ces heures la baleinière traînait encore sur le lac », s’interroge l’autorité provinciale. Cette prolongation inexplicable du voyage laisse planer le spectre d’une panne technique qui aurait rendu le navire vulnérable face aux intempéries.
Le diocèse d’Inongo, profondément affecté par la perte de l’un de ses membres, tente de coordonner les efforts de secours tandis que les équipes dépêchées sur place peinent à établir un bilan définitif. Combien de personnes se trouvaient à bord ? Quel est le nombre exact de rescapés ? Autant de questions qui restent sans réponse, alimentant l’angoisse des familles qui attendent désespérément des nouvelles de leurs proches.
Cette tragédie n’est malheureusement pas un cas isolé dans la région. Le 9 mars dernier, le naufrage d’une embarcation en provenance de Mushie avait déjà fait 10 morts et de nombreux disparus sur la rivière Kwa. Ce dernier accident impliquait principalement des joueurs de football revenant d’un match, rappelant cruellement que ces drames touchent toutes les couches de la société congolaise.
Comment expliquer cette répétition macabre des naufrages dans la province du Maï-Ndombe ? Les conditions de navigation précaires, le surpeuplement des embarcations, le manque d’équipements de sécurité et les aléas climatiques imprévisibles créent une combinaison mortelle qui met régulièrement en danger la vie des voyageurs. La sécurité maritime reste-t-elle la parente pauvre des préoccupations gouvernementales dans cette région pourtant dépendante des voies navigables ?
Les communautés riveraines du lac Maï-Ndombe, dont la vie économique et sociale dépend étroitement de la navigation, se retrouvent une nouvelle fois confrontées à l’absurdité de perdre des vies dans des accidents qui pourraient souvent être évités. Entre la nécessité de se déplacer et les risques encourus, les populations locales naviguent littéralement entre deux eaux, contraintes de braver le danger pour assurer leur subsistance.
Cette nouvelle tragédie du lac Maï-Ndombe soulève des questions cruciales sur la modernisation des infrastructures de transport fluvial en RDC. Quand cesseront ces naufrages à répétition qui endeuillent régulièrement les familles congolaises ? La mise en place de normes de sécurité strictes, le contrôle du respect des capacités de charge et l’amélioration des systèmes de prévision météorologique ne devraient-ils pas devenir des priorités absolues pour les autorités compétentes ?
Alors que le deuil s’installe dans les communautés touchées, une réflexion profonde s’impose sur la valeur accordée à la vie humaine dans les transports en République Démocratique du Congo. Chaque victime de ce naufrage avait un projet, une famille, un avenir. Leur disparition brutale dans les eaux du lac Maï-Ndombe doit servir de catalyseur pour des changements concrets et durables dans la sécurité des transports lacustres.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
