Les cris de colère résonnent encore dans le village Kalongo, au territoire de Moba. Des mains qui avaient bâti l’avenir se sont transformées en instruments de destruction. Comment en est-on arrivé là ? Comment des ouvriers qui ont consacré leur énergie à construire une école peuvent-ils aujourd’hui la démolir de leurs propres mains ?
La scène, capturée dans une vidéo devenue virale, montre des hommes déterminés arrachant portes et fenêtres du bâtiment flambant neuf de l’école primaire 3 Manika. Certains habitants tentent de les raisonner, mais la frustration l’emporte sur la raison. Ces travailleurs, employés par l’entreprise SAFRICAS dans le cadre du Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T), n’ont pas touché leur salaire depuis mars dernier.
« Nous condamnons les auteurs de ces actes de vandalisme qui auraient dû passer par une procédure légale pour réclamer leur dû », déplore Placide Muyumba, point focal de l’ONG Young man action for education. Mais sa critique ne s’arrête pas là : « Nous condamnons également SAFRICAS qui, jusque-là, affiche une mauvaise volonté en refusant de libérer l’argent de ces agents qui se sont donnés corps et âme pour travailler. »
Abraham Ngongo, Sous-Proved Moba 2, confirme la gravité de la situation : plus de 200 ouvriers, dont certains venus spécialement de Kinshasa, survivent dans des conditions précaires. Imaginez ces familles qui attendent depuis des mois le fruit de ce travail légitime. Comment survivent-ils sans revenus dans un territoire déjà fragilisé ?
Le Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T), sensé apporter le progrès et l’espoir, se transforme en cauchemar pour ces travailleurs. Le bâtiment scolaire, symbole d’éducation et d’avenir, devient le théâtre d’une lutte désespérée pour la dignité. Ces ouvriers impayés de Moba ont-ils d’autre choix que cette action radicale pour se faire entendre ?
L’entreprise SAFRICAS, contactée par Radio Okapi, reste muette face à ces accusations. Son silence en dit long sur l’impunité dont semblent bénéficier certaines entreprises au Tanganyika. Pendant ce temps, les ouvriers continuent de vivre dans la précarité, leurs espoirs s’effritant jour après jour.
Cette situation pose des questions fondamentales sur les conditions de travail dans les programmes de développement. Le PDL-145T peut-il véritablement contribuer au développement local si les travailleurs qui le mettent en œuvre ne sont pas respectés ? Les arriérés de salaire accumulés par SAFRICAS Moba ne risquent-ils pas de compromettre tous les efforts de développement dans la région ?
Le vandalisme de l’école Kalongo n’est pas qu’un simple fait divers. Il révèle les failles d’un système où les plus vulnérables paient le prix fort. Alors que la rentrée scolaire approche, que deviendront les enfants privés de leur école à cause de ce conflit social ?
La solution ne réside pas seulement dans la réparation des dégâts matériels, mais dans la reconnaissance du droit fondamental à un salaire décent et payé à temps. Les ouvriers de Moba attendent toujours que justice leur soit rendue, tandis que le bâtiment scolaire demeure le témoin silencieux de leur combat.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
