Le Centre de formation et de contrôle technique automobile (CFCTA) de l’INPP à Kinshasa traverse une période de ralentissement inquiétant. Les files d’attente, autrefois interminables, se sont considérablement réduites, témoignant d’une baisse drastique de près de 50% des enregistrements de véhicules. Comment expliquer cette soudaine désaffection pour une procédure censée garantir la sécurité des usagers de la route ?
« Nous avons commencé à enregistrer plus de 200 véhicules par jour. Mais depuis que les autorités ont repoussé un peu, nous en avons maintenant au moins 100 par jour », confirme Aaron Miziamo, directeur adjoint du CFCTA. Cette diminution spectaculaire intervient dans un contexte où le contrôle technique automobile peine à s’imposer comme une priorité pour les conducteurs kinois.
Le constat est encore plus alarmant lorsqu’on examine le taux de conformité du charroi automobile de la ville-province. « En ce qui concerne les charrois automobiles de Kinshasa, je dirais que nous sommes en dessous même des 15%. Donc jusque-là, il n’y a encore rien de fait », déplore le responsable. Ces chiffres soulèvent des questions cruciales sur l’état réel du parc automobile circulant dans la capitale congolaise.
Dans ce climat de méfiance, une polémique a récemment éclaté concernant le contrôle d’un véhicule Mercedes-Benz 207 en mauvais état. Le CFCTA s’est vu accusé d’avoir validé le contrôle de ce véhicule pourtant manifestement défectueux. Face à ces allégations, l’établissement se défend fermement : « Pour le fameux 207, nous avons reçu les véhicules et ceux-ci sont passés sur les équipements pour les contrôles techniques automobiles. Mais à la fin, nous avons constaté qu’il y avait des défaillances qui devaient normalement être remplacées ».
Le directeur adjoint précise que son institution a établi un rapport technique détaillant les anomalies constatées, mais que les détracteurs ont préféré filmer la situation sans prendre connaissance des conclusions officielles. Cette affaire met en lumière les défis de communication auxquels fait face l’institution dans sa mission de sensibilisation à la sécurité routière.
À travers les artères de Kinshasa, les conducteurs semblent naviguer entre prudence et résignation. Les opérations de contrôle technique se poursuivent malgré tout, mais le faible taux d’adhésion interroge sur l’efficacité des campagnes de sensibilisation. La sécurité routière en RDC peut-elle vraiment s’améliorer avec un tel niveau de participation au contrôle technique automobile ?
L’enjeu dépasse la simple paperasse administrative. Il s’agit de protéger des vies humaines, de prévenir des accidents souvent mortels sur des routes déjà dangereuses. Le CFCTA INPP, malgré ses efforts, se heurte à une résistance culturelle et économique. Combien de véhicules circulent actuellement dans Kinshasa sans avoir subi le moindre contrôle de sécurité ? La question mérite d’être posée alors que les embouteillages quotidiens exposent des milliers de personnes à des risques potentiels.
La baisse constatée dans l’enregistrement des véhicules au CFCTA sonne comme un avertissement. Elle révèle les limites d’un système qui peine à convaincre de son utilité et à s’imposer comme un passage obligé pour tous les conducteurs. Le chemin vers une circulation plus sûre à Kinshasa semble encore long, semé d’embûches et de défis à relever pour les autorités comme pour les usagers.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
