Le ciel de Lubumbashi est devenu le théâtre d’une inquiétante démonstration de force qui interroge sur les méthodes employées par le pouvoir en place. Jeudi dernier, des avions de chasse de l’armée de l’air congolaise ont effectué des survols à basse altitude au-dessus de la résidence de Moïse Katumbi, leader de l’opposition, dans ce qui ressemble à une stratégie délibérée d’intimidation politique.
Olivier Kamitatu, porte-parole du camp Katumbi, n’a pas mâché ses mots sur la plateforme X pour dénoncer ces manœuvres militaires inquiétantes. « Deux drones viennent de larguer des objets non identifiés dans la parcelle adjacente appartenant à la société MCK et voisine à la résidence du consul du royaume de Belgique », a-t-il révélé, soulignant la gravité de ces incidents répétés.
La question qui se pose avec insistance est la suivante : le régime de Kinshasa, incapable de reconquérir les territoires perdus face à l’avancée de l’AFC, en serait-il réduit à des actes d’intimidation contre ses opposants politiques ? Cette interrogation, soulevée avec véhémence par Kamitatu, met en lumière une dérive préoccupante des pratiques politiques en République Démocratique du Congo.
Le climat de tension autour de Moïse Katumbi n’est malheureusement pas un phénomène isolé. En octobre dernier, un précédent survol similaire avait déjà eu lieu au-dessus de la résidence du leader d’Ensemble à Kashobwe. Cette répétition d’incidents similaires laisse perplexe quant aux véritables intentions du pouvoir en place. L’étau se resserrerait-il autour de ceux qui persistent à privilégier le dialogue national inclusif, condition indispensable à une paix durable selon Katumbi ?
Les activités militaires étranges observées autour des résidences du candidat à la présidentielle de 2023 prennent une dimension particulière dans le contexte actuel. Alors que Katumbi s’active à réhabiliter la piste de Mulonde pour désenclaver la région et favoriser les échanges entre populations, des opérations militaires nocturnes viennent troubler ce projet de développement. Quatre jeeps remplies de militaires surarmés ont investi la piste du petit village de Mulonde en pleine nuit, dans ce qui apparaît comme une mise en scène grossière.
Cette stratégie d’intimidation politique ne serait-elle qu’un écran de fumée destiné à masquer l’incapacité des autorités à récupérer les territoires sous contrôle du M23 ? La facilité avec laquelle la force est déployée face à de paisibles citoyens contraste singulièrement avec les difficultés rencontrées pour reprendre Bunagana. Le véritable ennemi que les autorités devraient neutraliser ne serait pas celui qu’elles prétendent traquer, mais plutôt leur indifférence et leur mépris envers une population abandonnée.
Le régime Tshisekedi, selon les accusations portées par le porte-parole de Katumbi, s’illustrerait par une mascarade qui met en lumière son incapacité à remplir ses fonctions régaliennes. Réhabiliter les routes, désenclaver les territoires ruraux, garantir les services sociaux de base : autant de défis que le pouvoir actuel semble incapable de relever, préférant consacrer son énergie à des opérations d’intimidation contre l’opposition.
La répétition de ces incidents pose avec acuité la question de l’état de la démocratie en RDC. Jusqu’où le pouvoir est-il prêt à aller pour museler ses opposants ? Les méthodes employées contre Moïse Katumbi et son entourage témoignent-elles d’une dérive autoritaire préoccupante ? Le survol des avions de chasse au-dessus de Lubumbashi n’est peut-être que la partie émergée d’un iceberg beaucoup plus inquiétant.
Dans un pays où les défis sécuritaires et économiques sont immenses, cette focalisation sur l’intimidation politique interroge sur les priorités réelles du régime. Alors que l’est du pays reste en proie à l’insécurité, que les populations souffrent de la précarité et que les services de base font défaut, ces manœuvres d’intimidation apparaissent comme une diversion bien peu glorieuse.
La communauté nationale et internationale ne peut rester indifférente face à ces développements préoccupants. La démocratie congolaise, déjà mise à rude épreuve, pourrait bien sortir affaiblie de ces épisodes successifs d’intimidation politique. L’avenir nous dira si ces méthodes porteront leurs fruits ou si, au contraire, elles renforceront la détermination de ceux qui militent pour un Congo plus démocratique et respectueux des droits fondamentaux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
