La République Démocratique du Congo connaît une transformation énergétique sans précédent avec une augmentation spectaculaire de son taux de desserte électricité, passant de 9% à 21,5% en seulement cinq ans. Cette progression de près de 200%, révélée par le ministre des Ressources hydrauliques et Électricité Aimé Molendo Sakombi lors du forum Makutano 2025 à Kinshasa, marque un tournant décisif dans la politique énergétique nationale.
Comment expliquer cette performance remarquable dans un secteur traditionnellement sinistré ? Le ministre attribue cette réussite à la vision énergétique du président Félix-Antoine Tshisekedi et à la mobilisation sans précédent des acteurs du secteur. « Sous le haut magistère du Chef de l’État, il n’y a jamais eu un accroissement pareil en si peu d’années », a-t-il souligné, tout en reconnaissant l’immensité du chemin restant à parcourir.
Le constat demeure cependant sévère : moins d’un Congolais sur cinq a accès à l’électricité en zone urbaine, tandis que la situation s’avère encore plus critique en milieu rural où vit 80% de la population. Cette réalité contraste amèrement avec le potentiel énergétique colossal du pays, estimé à 100.000 mégawatts. Un paradoxe qui questionne la stratégie de développement national et l’urgence d’une électrification Congo accélérée.
Face à ce défi, le gouvernement déploie une offensive multidimensionnelle. L’Agence Nationale d’Électrification Rurale (ANSER) pilote la construction de 100 nouvelles centrales solaires et hybrides à travers le territoire national. Une première vague de 26 installations sera opérationnelle dès le 25 décembre 2025, permettant à près d’un million de Congolais d’accéder au confort moderne de l’électricité. Ces infrastructures, disséminées dans une dizaine de provinces, représentent un investissement public majeur dans l’énergie République Démocratique Congo.
L’innovation stratégique ne s’arrête pas là. Sur instruction directe du chef de l’État, le ministère des Finances et celui de l’Énergie préparent le lancement d’une étude de faisabilité pour la production locale de panneaux solaires et de batteries. Cette approche visionnaire vise à réduire drastiquement les coûts et à créer des économies d’échelle significatives. « Pour le prix d’une centrale, nous pourrons en construire cinq », a expliqué le ministre, dévoilant une ambition industrielle qui pourrait révolutionner l’accès à l’énergie République Démocratique Congo.
En zone urbaine, la Société Nationale d’Électricité (SNEL) mène une bataille frontale contre les déficiences du réseau. Un vaste programme d’assainissement et d’éradication des « poches noires » est en cours à Kinshasa, avec un symbole fort : la commune de Kisenso, jamais raccordée au réseau national, bénéficiera de l’électricité avant les fêtes de fin d’année. Ce projet pilote concernera initialement 20.000 ménages, avant une extension qui devrait toucher 400.000 foyers kinois dans les six à sept prochains mois.
Mais le véritable enjeu économique réside dans la satisfaction des besoins du secteur minier, qui représente 65% du budget national mais ne fonctionne qu’à 20% de sa capacité en raison du déficit énergétique. Face à ce goulot d’étranglement, le gouvernement autorise désormais les sociétés minières à importer de l’énergie et les accompagne dans le développement de leurs propres projets énergétiques. Une solution transitoire qui soulève une question fondamentale : comment transformer cette dépendance énergétique en opportunité de développement durable ?
Le ministre Molendo Sakombi reconnaît l’ampleur du défi : « L’industrie minière présente un gap de 2.000 mégawatts. Même avec les projets en cours, nous risquons de maintenir ce déficit jusqu’en 2030 ». La stratégie gouvernementale combine donc solutions d’urgence et vision à long terme, avec l’objectif affiché de tripler le taux actuel de desserte électrique dans le cadre du compact énergétique en préparation.
Ces SNEL projets s’inscrivent dans une refonte complète du modèle énergétique national. La réforme de la SNEL, évoquée par le ministre, apparaît comme une nécessité incontournable pour optimiser la distribution et réduire les pertes techniques. Les centrales solaires RDC constituent quant à elles l’avant-garde d’une transition énergétique adaptée aux réalités géographiques et économiques du pays.
La route vers l’autosuffisance énergétique reste longue, mais les premiers résultats tangibles offrent un motif d’optimisme mesuré. L’engagement présidentiel, la mobilisation des acteurs publics et privés, et l’innovation dans les modèles de financement créent les conditions d’une accélération historique du taux desserte électricité RDC. Reste à transformer cette dynamique prometteuse en réalité pérenne pour les 78.000 villages encore privés du précieux courant électrique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
