La fermeture des cliniques et centres médicaux pratiquant la chirurgie esthétique de type BBL à Kinshasa marque un tournant décisif dans la protection de la santé publique en République Démocratique du Congo. Cette décision gouvernementale, annoncée en plénière de l’Assemblée nationale, répond aux inquiétudes croissantes concernant les dangers de ces pratiques chirurgicales non réglementées.
Mais qu’est-ce qui pousse les autorités congolaises à prendre une mesure aussi radicale ? Le député national Guy Mafuta, élu de Tshikapa, apporte des éléments de réponse alarmants. « Beaucoup de personnes meurent ; d’autres ont des maladies qui découlent de cette pratique que nous dénonçons aujourd’hui », révèle-t-il, soulignant l’urgence de la situation. Ces propos mettent en lumière les risques réels encourus par la population face à ces interventions esthétiques devenues un véritable fléau de santé publique.
Le Brazilian Butt Lift, communément appelé BBL, représente une technique chirurgicale visant à augmenter le volume des fesses en utilisant la graisse du patient. Si cette procédure peut sembler banale dans certains pays, son application en RDC soulève des questions cruciales de sécurité. Selon le ministre d’État en charge de la Santé publique, les produits utilisés dans ces cliniques ne sont pas autorisés en territoire congolais, et les praticiens manqueraient souvent de qualifications et d’expertise nécessaires.
Comment expliquer l’engouement pour ces pratiques malgré les dangers évidents ? La réponse réside peut-être dans la pression sociale et les standards de beauté contemporains. Cependant, comme le souligne le député Mafuta, « nous devons être vigilants et les parents doivent veiller sur leurs enfants ». Cette mise en garde s’adresse particulièrement aux jeunes générations tentées par ces transformations corporelles rapides.
La distinction entre chirurgie esthétique légitime et pratiques dangereuses apparaît fondamentale dans ce débat. Le parlementaire précise : « Je n’ai rien contre la chirurgie esthétique, qui est médicale et même noble, mais celles qui sont pratiquées dans des centres non autorisés et de la manière la plus sale et même criminelle possible, c’est ce que j’ai appelé charcuterie humaine ». Cette métaphore forte illustre parfaitement la gravité de la situation et la nécessité d’une régulation stricte.
Quels sont les risques médicaux concrets associés à ces interventions ? Les complications peuvent inclure des infections sévères, des embolies graisseuses potentiellement mortelles, des déformations irréversibles et des problèmes de santé à long terme. L’utilisation de produits non autorisés aggrave considérablement ces dangers, exposant les patients à des substances dont l’innocuité n’a pas été vérifiée.
La fermeture de ces cliniques BBL à Kinshasa s’inscrit dans une démarche plus large de protection des citoyens congolais. Le ministre de la Santé a promis « un examen approfondi de chaque cas », permettant de distinguer les établissements légitimes des structures illégales. Cette approche méthodique vise à préserver l’accès aux soins esthétiques sécuritaires tout en éradiquant les pratiques dangereuses.
La question se pose alors : comment garantir une surveillance efficace à long terme ? La réponse pourrait résider dans le renforcement des mécanismes de contrôle sanitaires et la mise en place de certifications obligatoires pour les praticiens de chirurgie esthétique. Une sensibilisation du public aux risques associés à ces interventions représenterait également un pilier essentiel de prévention.
Au-delà des aspects réglementaires, cette affaire interroge notre rapport collectif au corps et à la beauté. Le député Mafuta rappelle avec justesse : « Nous sommes de beaux hommes, de belles femmes, minces, grasses, voilà la diversité que la nature aime ». Ce plaidoyer pour l’acceptation de la diversité corporelle pourrait inspirer une réflexion plus profonde sur les standards de beauté imposés par la société.
La fermeture des centres médicaux esthétiques non conformes représente donc une étape cruciale, mais le travail ne fait que commencer. La protection de la santé publique en RDC nécessitera une vigilance constante et une collaboration entre autorités, professionnels de santé et citoyens. Seule une approche coordonnée permettra de prévenir durablement les risques associés aux pratiques médicales non réglementées.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net
