« Lorsqu’on s’exprime, on nous dit, toi, tu n’es qu’une handicapée, que peux-tu bien dire ? » La voix tremblante d’émotion, Abigael Kaliki témoigne devant l’assistance réunie pour la Journée internationale de la jeune fille à Beni. Son récit poignant met en lumière la double discrimination que subissent les jeunes filles en situation de handicap dans cette région du Nord-Kivu, où le handicap s’ajoute aux défis d’être femme et jeune.
À l’occasion de cette journée de réflexion organisée par le Bureau provincial du Genre, Famille et Enfant, plusieurs jeunes filles ont brisé le silence sur les préjugés quotidiens qui entravent leur épanouissement. Comment expliquer qu’en 2025, des adolescentes doivent encore se battre pour le simple droit d’être entendues ? La question plane dans la salle, chargée d’une émotion palpable.
Le milieu scolaire, censé être un lieu d’apprentissage et d’épanouissement, se transforme souvent en espace de marginalisation pour ces jeunes filles. « Nous subissons des moqueries constantes, non seulement de la part de certains camarades, mais parfois même d’enseignants qui minimisent nos capacités intellectuelles », confie une participante qui préfère garder l’anonymat. Cette discrimination des jeunes filles handicapées à Beni révèle les profondes fractures sociales qui persistent dans notre société.
La journée internationale jeune fille Nord-Kivu a donc servi de catalyseur pour ces voix longtemps étouffées. Les témoignages se succèdent, décrivant un quotidien fait de regards pesants, de remarques désobligeantes et d’opportunités ratées. Pourtant, derrière chaque histoire de discrimination se cachent des rêves, des ambitions et des talents qui ne demandent qu’à s’exprimer.
Les droits personnes handicapées RDC sont-ils réellement appliqués sur le terrain ? La question mérite d’être posée alors que ces jeunes filles décrivent des obstacles systémiques à leur inclusion. « Nous avons aussi le droit de vivre dans la communauté avec la même valeur que les autres », insiste Abigael, rappelant l’urgence d’une véritable inclusion sociale RDC.
Les moqueries élèves handicapés école ne sont malheureusement que la partie visible de l’iceberg. En réalité, c’est tout un système de croyances erronées qu’il faut déconstruire. Comment espérer bâtir une société inclusive quand les premières victimes de discrimination sont celles qui devraient bénéficier de notre protection et de notre solidarité ?
Face à cette situation, les autorités locales ont pris un engagement fort en signant un acte solennel pour la protection et la promotion des droits de la jeune fille dans le Nord-Kivu. Cette décision marque-t-elle un tournant dans la lutte pour l’égalité des chances ? Seul l’avenir nous le dira, mais c’est en tout cas un premier pas significatif vers la reconnaissance des droits fondamentaux de ces jeunes filles.
La sensibilisation dans les écoles, les églises et les communautés apparaît comme une nécessité absolue pour combattre les stéréotypes ancrés. Comment transformer les mentalités dans une région déjà fragilisée par les conflits ? Le défi est immense, mais les participantes à cette journée de réflexion ont montré une détermination sans faille à faire bouger les lignes.
Au-delà des discours et des engagements, c’est une véritable révolution culturelle qui s’impose. L’inclusion sociale RDC ne pourra devenir réalité que lorsque chaque citoyen, dès le plus jeune âge, comprendra que la différence est une richesse et non un handicap. Les jeunes filles en situation de handicap de Beni nous rappellent cette évidence avec une force qui ne laisse place à aucune indifférence.
Alors que la journée s’achève, une question demeure : serons-nous capables d’entendre leur appel et de transformer nos sociétés en véritables terres d’accueil et d’opportunités pour tous ? La réponse appartient à chacun d’entre nous, dans nos gestes quotidiens, dans notre regard sur l’autre, dans notre capacité à célébrer la diversité humaine.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
