Dans un geste institutionnel chargé de symbolique, le Gouverneur intérimaire de la Tshopo, Didier Lomoyo Iteku, a déposé ce mardi 25 novembre 2025 devant l’assemblée provinciale un projet de budget provincial Tshopo 2026 s’élevant à 420 milliards 414 millions de francs congolais. Ce document budgétaire, présenté comme équilibré entre recettes et dépenses, dessine les priorités stratégiques de la province pour l’année à venir, entre volontarisme affiché et défis structurels persistants.
L’architecture financière proposée par l’exécutif provincial s’articule autour de trois piliers fondamentaux : les infrastructures, la sécurité et la bonne gouvernance. Une triade classique dans le discours politique provincial, mais dont la mise en œuvre concrète reste toujours sujette à caution. Didier Lomoyo Iteku, dans son exposé des motifs, n’a pas manqué de rappeler la nécessaire stabilité des institutions, se positionnant ainsi dans l’alignement des recommandations présidentielles. Une posture qui interroge : simple caution protocolaire ou véritable feuille de route ?
La question sécuritaire occupe une place prépondérante dans ce budget, le gouverneur intérimaire ayant insisté sur l’impératif de sécurité province Tshopo. « Nous devons lutter contre les bandits armés, mais aussi contre tout ce qui peut mettre notre province à feu et à sang », a-t-il déclaré, dans une formule qui soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Comment traduire cette ambition en actions concrètes ? Quels moyens spécifiques seront déployés pour endiguer cette criminalité urbaine dont les corollaires semblent si bien identifiés ?
Sur le front des infrastructures routières Kisangani, le projet budgétaire prévoit la réhabilitation de plusieurs axes, notamment la voie du rond-point du canon jusqu’à Congo Palace. Une initiative présentée comme complémentaire aux efforts du chef de l’État qui asphaltent plus de 100 km de voirie dans la capitale provinciale. Cette articulation entre actions provinciales et nationales mérite attention : simple coordination affichée ou véritable synergie opérationnelle ?
Le timing du dépôt n’est pas anodin. Le président de l’assemblée provinciale Tshopo, Mattheus Kanga, avait annoncé dès le lundi 24 novembre son attente de ce projet pour examen lors de la session de septembre. Un calendrier serré qui laisse peu de marge pour un débat parlementaire approfondi. Les élus provinciaux sauront-ils exercer leur pouvoir de contrôle ou se contenteront-ils d’un rôle d’enregistrement ?
La véritable question qui se pose désormais concerne la capacité de la province à transformer ces ambitions budgétaires en réalisations tangibles. Avec 420 milliards en jeu, la tentation sera grande de céder aux sirènes de la dépense facile plutôt qu’à l’investissement structurant. Le défi pour Didier Lomoyo Iteku consistera à démontrer que ce budget n’est pas simplement un exercice comptable de plus, mais bien le levier d’une transformation profonde de la Tshopo.
Les mois à venir seront décisifs pour juger de l’efficacité de cette programmation financière. Entre les déclarations d’intention et la réalité du terrain, l’écart pourra-t-il être comblé ? La réponse se trouvera moins dans les chiffres annoncés que dans la capacité de l’exécutif provincial à mettre en œuvre ses promesses, sous le regard vigilant d’une assemblée provinciale Tshopo dont l’indépendance d’appréciation reste à prouver.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
