La République Démocratique du Congo se trouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs internationaux concernant sa gestion de la jeunesse. Felipe Paullier, Sous-Secrétaire général de l’ONU aux affaires de la jeunesse, a délivré un message sans ambages lors de sa visite à Kinshasa ce mardi 25 novembre : les jeunes congolais doivent impérativement trouver leur place dans les arènes décisionnelles du pays.
Au sortir d’un entretien avec la ministre congolaise de la Jeunesse, Grâce Kutino, le diplomate uruguayen a dressé un constat accablant qui dépasse les frontières congolaises. « Au niveau mondial, il existe un grand écart entre la participation des jeunes et leur représentation dans les instances de prise de décision, alors que la majorité de la population de la planète est jeune », a-t-il affirmé avec la franchise qui caractérise les interventions onusiennes.
Les chiffres avancés par le haut fonctionnaire donnent le vertige : 50% de la population mondiale a moins de 30 ans. Une réalité démographique qui contraste cruellement avec la marginalisation politique des jeunes, particulièrement en RDC où la fracture générationnelle dans les sphères du pouvoir reste patente. Le représentant onusien a-t-il trouvé un écho favorable auprès des autorités congolaises ? La question mérite d’être posée tant le discours officiel contraste souvent avec les réalisations concrètes.
« Il est essentiel d’institutionnaliser la participation des jeunes et de reconnaître des espaces formels où ils peuvent participer aux instances de prise de décision », a plaidé Felipe Paullier. Une recommandation qui sonne comme un rappel à l’ordre pour un gouvernement souvent accusé de cantonner les jeunes à des rôles figuratifs. La solution, selon le diplomate, n’est « pas magique » mais nécessite un « travail conjoint impliquant de nombreux acteurs ».
Le Sous-Secrétaire général a précisé les chantiers prioritaires : l’ouverture des portes de la fonction publique aux jeunes et l’élimination des obstacles à leur accès à la politique. Des propositions qui rencontrent étrangement les préoccupations exprimées en décembre 2024 par Eddy Yav, coordonnateur national du Panel d’experts de la résolution 2250, qui encourageait déjà les autorités à nommer des jeunes aux postes de responsabilité.
Cette convergence de vues entre les experts nationaux et internationaux soulève une interrogation fondamentale : les dirigeants congolais sont-ils prêts à partager réellement le pouvoir avec la nouvelle génération ? La jeunesse congolaise, souvent perçue comme une force électorale mais rarement comme un partenaire politique, attend des actes concrets.
Felipe Paullier a reconnu que les solutions pour la RDC devront être adaptées au contexte local, différentes de celles de son Uruguay natal ou des pays voisins. Une nuance importante qui évite l’écueil du modèle universaliste mais qui place la balle dans le camp des autorités congolaises. Celles-ci devront désormais démontrer leur capacité à traduire ces recommandations en politiques publiques efficaces.
La participation des jeunes dans les instances décisionnelles en RDC représente ainsi un enjeu de crédibilité internationale pour le gouvernement. Alors que la résolution 2250 du Conseil de sécurité de l’ONU fêtera bientôt son dixième anniversaire, le temps des discours est révolu. Place maintenant à l’action, sous le regard vigilant d’une communauté internationale qui mesure l’importance stratégique de la jeunesse congolaise dans la stabilisation du pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
