Le quartier animé de Matonge, cœur battant de la diaspora congolaise à Bruxelles, vit au ralenti depuis l’opération coup de poing qui a frappé ses commerces. Derrière les vitrines désormais barrées de scellés administratifs, se cachent des drames humains et des réalités économiques complexes.
« Ils sont arrivés comme une tornade, avec des papiers et des scellés. En trente minutes, ma boutique de tissus était fermée », témoigne Marie*, commerçante congolaise installée depuis huit ans en Belgique. Comme elle, des dizaines de commerçants RDC Belgique se retrouvent aujourd’hui dans l’incertitude totale, leurs moyens de subsistance suspendus à des procédures administratives.
L’opération menée par les services de contrôle police Bruxelles a mobilisé pas moins de deux cents agents. Le bilan est sévère : 48 établissements inspectés, plusieurs fermetures administratives, et 67 travailleurs identifiés lors de ces vérifications intensives. Les infractions sociales diaspora congolaise relevées dessinent une réalité économique précaire où la frontière entre survie et illégalité devient parfois floue.
Le travail non déclaré Matonge apparaît comme le délit majeur avec 14 procès-verbaux pour infractions Dimona. Comment expliquer cette situation ? « Beaucoup de nos compatriotes acceptent des conditions précaires par nécessité », analyse Jean-Paul Mbaya, sociologue spécialiste des migrations. « Entre les frais de séjour, l’envoi d’argent aux familles restées au pays et le coût de la vie en Europe, la pression économique est énorme. »
Les commerces sous scellés Ixelles ne représentent pas seulement des espaces commerciaux fermés, mais symbolisent les difficultés d’intégration économique d’une communauté cherchant sa place entre deux cultures. « Nous voulons travailler dans la légalité, mais les démarches administratives sont souvent complexes et coûteuses », confie un restaurateur congolais dont l’établissement a échappé de justesse à la fermeture.
Au-delà des chiffres et des procédures, cette opération soulève des questions fondamentales sur l’accompagnement des entrepreneurs de la diaspora. Les commerçants RDC Belgique font-ils face à des obstacles spécifiques ? Comment concilier contrôle nécessaire et accompagnement vers la régularisation ? La réponse semble se situer dans un équilibre délicat entre application de la loi et compréhension des réalités socio-économiques.
La situation actuelle à Matonge interroge sur les modèles d’intégration économique des communautés migrantes en Europe. Alors que les commerces sous scellés Ixelles attendent leur sort, une réflexion plus large s’impose sur les conditions nécessaires à l’épanouissement des entrepreneurs congolais en terre belge. Comment transformer cette épreuve en opportunité pour construire un entrepreneuriat diasporique plus solide et mieux intégré ?
Les leçons de cette opération dépassent le cadre de Matonge et concernent l’ensemble des politiques d’intégration économique des migrants. Entre régulation nécessaire et accompagnement vers la formalisation, la voie est étroite mais essentielle pour construire des communautés entrepreneuriales viables et respectueuses du droit.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
