La province du Maniema traverse une crise des télécommunications qui interpelle désormais les plus hautes instances politiques locales. Dans un mouvement parlementaire remarqué, l’élu provincial Blaise Bitangalo a brandi l’étendard de la colère populaire face à la dégradation persistante des services télécommunications Maniema. Cette initiative législative, déposée en pleine séance plénière ce lundi 24 novembre, pourrait bien marquer un tournant dans les relations entre pouvoir provincial et opérateurs privés.
Le député Bitangalo, dans une motion au verbe incisif, dresse un constat accablant : les trois géants des télécommunications – Vodacom, Airtel et Orange – maintiennent la population dans un état de connexion précaire. Les Vodacom Airtel Orange défaillances ne se limitent plus à de simples désagréments techniques mais affectent désormais l’économie informelle, les transferts d’argent et l’accès à l’information. Comment expliquer cette tolérance institutionnelle face à ce qui s’apparente à une rupture du contrat social entre opérateurs et usagers ?
La saisine de l’assemblée provinciale Maniema par le député Blaise Bitangalo représente une escalade stratégique dans ce conflit latent. Le parlementaire ne se contente pas de dénoncer ; il exige des comptes. Sa motion appelle à une comparution publique des responsables des sociétés de télécommunications, une manœuvre politique qui place les opérateurs dans une position délicate. Refuser cette convocation équivaudrait à mépriser ouvertement l’institution parlementaire provinciale, tandis que s’y soumettre impliquerait de justifier publiquement des services défaillants.
« Nous payons pour ces services, ils doivent nous rendre nos droits », tonne l’élu dans une déclaration qui résonne comme un avertissement. Cette phrase, simple dans sa formulation, porte en elle une charge symbolique considérable. Elle replace la relation commerciale dans le cadre plus large des droits fondamentaux, une approche qui dépasse la simple revendication consumériste pour toucher à l’exercice de la citoyenneté dans l’ère numérique.
La stratégie du député Bitangalo mérite analyse : après l’échec des recours administratifs traditionnels et l’impuissance des mobilisations citoyennes portées par des mouvements comme la Lucha et Filimbi, le recours à l’arène parlementaire provincial constitue une innovation politique. L’élu instrumentalise ainsi l’institution législative comme tribune et levier de pression, transformant une préoccupation sociétale en enjeu politique majeur. Cette perturbation réseau télécom persistante devient sous sa plume une affaire d’État provincial.
Le discours du parlementaire révèle également les limites de l’action régulatrice des autorités provinciales. Son aveu d’impuissance – « nous avons discuté avec plusieurs autorités, mais l’orgueil des opérateurs dépasse les limites » – dresse un portrait peu flatteur de la capacité d’action de l’exécutif local face aux multinationales des télécommunications. Cette déclination d’autorité interroge sur l’effectivité du pouvoir provincial dans la régulation des services essentiels.
La motion de Bitangalo pose in fine une question fondamentale : dans quelle mesure les opérateurs de télécommunications peuvent-ils continuer à exercer leur activité sans rendre de comptes sur la qualité de leurs services ? La situation au Maniema pourrait créer un précédent dont les ramifications dépasseront les frontières de la province. Les autres assemblées provinciales du pays observeront certainement l’issue de cette confrontation entre pouvoir législatif local et intérêts commerciaux privés.
L’enjeu dépasse la simple qualité technique des réseaux ; il touche à la souveraineté numérique des territoires et à la capacité des institutions démocratiques à réguler les services essentiels. La réponse – ou l’absence de réponse – des opérateurs déterminera non seulement l’avenir des télécommunications au Maniema, mais établira également un précédent crucial pour les relations entre pouvoir public et entreprises privées dans les provinces congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
