Le constat est amer, la situation catastrophique. Gnon Konde, Directeur régional du HCR, ne mâche pas ses mots devant l’ampleur de la crise humanitaire qui frappe l’Afrique centrale. « Ce sont des populations dont les vies sont suspendues », confie-t-il, la voix chargée d’émotion. Cette simple phrase résume le drame que vivent des millions de personnes abandonnées à leur sort.
Comment en est-on arrivé là ? La réponse se trouve dans les chiffres qui donnent le vertige : au moins 5 millions de réfugiés et 14 millions de déplacés internes attendent une aide urgente dans la région. Des familles entières survivent dans des conditions précaires, privées du minimum vital. La République Démocratique du Congo, épicentre de cette crise humanitaire, voit ses structures d’accueil s’effondrer les unes après les autres.
La réalité est implacable : 30 bureaux du HCR ont déjà fermé leurs portes dans la région, dont plusieurs en RDC. Cette décision dramatique n’est pas le fruit du hasard. « Les acteurs humanitaires ont été énormément impactés depuis le début de cette année à cause de la décision prise par certains bailleurs », explique Gnon Konde. Le retrait américain, qui assurait 60% du budget en Afrique centrale, a créé un vide abyssal dans le financement humanitaire.
Mais qui sont ces millions d’oubliés ? Des femmes, des enfants, des hommes contraints de fuir les conflits et les violences. Leur quotidien est fait d’incertitude et de privations. Sans abri digne de ce nom, sans accès aux soins de santé de base, sans perspective d’éducation pour leurs enfants, leur dignité est bafouée jour après jour. La crise des déplacés internes Congo atteint des proportions alarmantes.
Le responsable régional insiste : cette situation n’est liée à aucune administration particulière. Elle reflète une tendance plus globale, plus inquiétante encore : le désengagement progressif de la communauté internationale face aux crises africaines. Le financement humanitaire devient la variable d’ajustement de politiques étrangères en mutation.
Que deviennent ces réfugiés RDC lorsque les organisations humanitaires plient bagage ? Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, dans des régions souvent instables où les besoins fondamentaux ne sont plus couverts. La fermeture des bureaux du HCR RDC signifie concrètement moins de distribution de nourriture, moins d’accès à l’eau potable, moins de protection juridique.
« On a besoin de soutiens pour pouvoir travailler, reconstruire ces vies et les ramener dans une forme de dignité », plaide le Directeur régional. Son appel pressant aux bailleurs sonne comme un ultime avertissement. La crise humanitaire Afrique centrale risque de basculer dans l’irréversible si des mesures urgentes ne sont pas prises.
La question qui se pose est simple : peut-on vraiment abandonner des millions de personnes à leur sort ? Leur dignité mérite-t-elle moins d’attention que d’autres crises médiatisées ? Le silence autour de cette tragédie humaine en dit long sur les priorités de la communauté internationale.
Les solutions existent pourtant. Un engagement renouvelé des bailleurs traditionnels, une meilleure coordination entre les acteurs locaux et internationaux, une attention médiatique soutenue pour briser l’indifférence. Mais le temps presse, et chaque jour perdu aggrave le calvaire de ceux qui n’ont plus que l’espoir comme seule possession.
L’avenir de toute une région se joue dans cette course contre la montre humanitaire. Les réfugiés et déplacés de RDC attendent que la communauté internationale honore ses engagements. Leur dignité, et peut-être leur survie, en dépendent.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
