Le grondement des eaux a eu raison des fragiles structures qui reliaient les communautés. Depuis samedi dernier, plusieurs villages autour de Karambi, dans le groupement Busanza au territoire de Rutshuru, vivent un véritable calvaire. Les ponts Nyamitero et Chirabo, jetés sur la rivière Nyamitero, ont cédé sous la violence des pluies, isolant des populations entières et créant une situation humanitaire préoccupante.
« Nous allons mourir de faim. C’est difficile d’accéder à nos champs qui sont de l’autre côté de la rivière Nyamitero. Les deux ponts qui nous aident à traverser la rivière ont été emportés par les eaux », témoigne un habitant de Karambi, la voix chargée d’angoisse. Comment ces familles vont-elles survivre si elles ne peuvent plus cultiver leurs terres ? La question hante désormais tous les esprits dans cette région déjà éprouvée.
La situation des ponts endommagés à Rutshuru révèle une vulnérabilité criante des infrastructures dans cette zone frontalière. La rivière Nyamitero, habituellement paisible, est devenue une barrière infranchissable séparant le village de Karambi de ses voisins, et coupant net la liaison entre les groupements de Jomba et Busanza dans la chefferie de Bwisha. Ces inondations à Rutshuru ne sont-elles pas le symptôme d’un problème plus profond d’aménagement du territoire ?
Le secteur éducatif paie également un lourd tribut. « L’absence de ponts sur cette rivière va perturber le programme des cours », alerte un chef d’établissement scolaire de Karambi. Les élèves venant des villages du groupement Jomba ne peuvent plus rejoindre leurs salles de classe. Comment assurer une éducation égalitaire quand certains enfants sont privés d’accès à l’école ? Les enseignants se voient contraints de reprendre les matières déjà enseignées pour les élèves absents, compromettant ainsi le programme national.
L’isolement des villages en RDC devient une préoccupation majeure dans cette région où les ponts de Nyamitero Chirabo représentaient les seules voies de passage. Les habitants de Karambi et Busanza se retrouvent prisonniers de leur propre territoire, incapables de vaquer à leurs activités quotidiennes. Les marchés deviennent inaccessibles, les centres de santé hors de portée, et la vie sociale s’étiole progressivement.
Cette catastrophe intervient dans un contexte déjà tendu au territoire de Rutshuru. Il y a une semaine à peine, la circulation entre Rutshuru et Goma était perturbée sur la RN2 après le débordement de la rivière Nyahanga. Si cette voie a pu être rétablie après trois jours de travaux, la situation actuelle semble plus complexe. Les ponts endommagés à Rutshuru nécessiteront des interventions plus lourdes et des moyens conséquents.
Les populations touchées par ces inondations à Rutshuru lancent un appel pathétique aux autorités locales. « Nous demandons aux autorités locales de tout faire pour que la circulation reprenne rapidement entre nos deux groupements », plaide le directeur d’école. Mais combien de temps devront-ils attendre ? Dans une région où les infrastructures peinent déjà à répondre aux besoins fondamentaux, chaque jour perdu aggrave la précarité des habitants.
La destruction des ponts Nyamitero et Chirabo pose avec acuité la question de la résilience des communautés rurales face aux aléas climatiques. Ces inondations à Rutshuru ne sont-elles pas un signal d’alarme pour toute la province ? Alors que la saison des pluies bat son plein, d’autres villages ne risquent-ils pas de connaître le même sort ?
L’urgence est multiple : humanitaire, avec l’accès aux champs et à la nourriture ; éducative, avec la continuité des apprentissages ; sanitaire, avec l’accès aux soins ; et économique, avec la reprise des activités génératrices de revenus. La réparation des ponts endommagés à Rutshuru n’est pas qu’une question technique – c’est une nécessité vitale pour des centaines de familles dont la survie dépend de ces liaisons.
En cette période de crise, la solidarité entre villages voisins se révèle plus que jamais essentielle. Mais jusqu’où peut-elle pallier l’absence d’infrastructures dignes de ce nom ? La réponse des autorités sera déterminante pour l’avenir de ces communautés rurales qui, une fois de plus, font face seules aux caprices de la nature.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
