Une baisse significative des prix du carburant a été officiellement annoncée à Kinshasa ce lundi, avec le litre d’essence passant de 2690 à 2440 francs congolais et le gasoil de 2680 à 2430 francs congolais. Cette décision, représentant une diminution d’environ 9,3% pour l’essence et 9,3% pour le gasoil, devait théoriquement soulager le portefeuille des consommateurs kinois. Cependant, la mise en œuvre sur le terrain révèle des disparités préoccupantes qui interrogent sur l’efficacité des mécanismes de régulation du marché des carburants en RDC.
Dans plusieurs stations-service de la capitale, particulièrement sur l’axe stratégique allant de Limete au Rond-point Victoire, les anciens tarifs restent en vigueur. Comment expliquer cette résistance à appliquer la baisse des prix du carburant à Kinshasa alors que l’annonce officielle a été largement diffusée ? Les gestionnaires de ces points de vente invoquent la nécessité d’écouler leurs stocks achetés aux anciens prix pour éviter des pertes financières substantielles. Cette situation crée une distorsion concurrentielle immédiate sur le marché des stations-service Kinshasa.
Face à ce dilemme économique, certaines enseignes ont adopté une stratégie radicale : suspendre temporairement la vente de carburant en attendant l’épuisement des stocks ou l’alignement complet des acteurs du secteur. Cette décision, bien que compréhensible d’un point de vue commercial, génère des conséquences en cascade sur l’économie locale et la mobilité urbaine. Les conducteurs d’engins motorisés se retrouvent pris en étau entre l’espoir d’une économie sur le carburant gasoil et la réalité d’une pénurie artificielle.
Le témoignage de Grâce Nkoso, cliente rencontrée dans une station-service, illustre parfaitement cette frustration grandissante : « Cette rareté qui survient précisément au moment où les prix baissent est incompréhensible. Nous appelons le gouvernement à assurer un suivi rigoureux pour que cette mesure bénéfique soit appliquée concrètement. » Son appel reflète l’attente de nombreux Kinois qui espèrent une amélioration rapide de la desserte en carburants pour faciliter leurs déplacements quotiliares.
Cette situation n’est pas sans rappeler la précédente baisse de 10% intervenue en octobre 2025 dans la zone Ouest de la RDC, où le prix essence RDC était passé de 2990 à 2690 francs congolais. Le pattern se répète : une annonce gouvernementale suivie d’une application hétérogène sur le terrain. Cette récurrence soulève des questions fondamentales sur la structuration de la chaîne d’approvisionnement et la régulation effective du secteur des hydrocarbures en République Démocratique du Congo.
Quels mécanismes pourraient garantir une application uniforme des décisions de baisse des prix carburant Kinshasa ? Les experts économiques suggèrent la mise en place d’un système de compensation temporaire pour les distributeurs, couplé à un contrôle renforcé des autorités compétentes. Sans ces mesures d’accompagnement, les annonces de baisse risquent de rester lettre morte pour une partie significative de la population.
L’enjeu dépasse largement la simple question du prix à la pompe. La fluidité de la circulation dans la capitale congolaise, l’impact sur le coût des transports en commun, et plus globalement sur l’inflation dépendent directement de la résolution de cette crise ponctuelle. Les espoirs d’une économie carburant RDC plus stable et prévisible reposent sur la capacité des différents acteurs à coordonner leurs actions pour le bénéfice des consommateurs finaux.
À moyen terme, cette situation met en lumière la nécessité de repenser la gestion stratégique des stocks et la transparence dans la fixation des prix des produits pétroliers. La volatilité récurrente du marché du carburant gasoil et de l’essence pénalise autant les consommateurs que les opérateurs économiques, créant un climat d’incertitude préjudiciable au développement économique de la région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
