La zone de santé de Basoko, située dans la Province Orientale de la République Démocratique du Congo, traverse une crise sanitaire alarmante avec la recrudescence de l’épidémie de choléra. Depuis le début de l’épidémie en juin dernier, les chiffres officiels font état de 459 cas confirmés et 21 décès, selon les données communiquées par le bureau central de cette entité sanitaire. Cette situation critique soulève des questions fondamentales sur la résilience du système de santé dans les régions éloignées du pays.
Comment une maladie pourtant évitable et traitable continue-t-elle de faire autant de victimes en 2023 ? La réponse se trouve dans l’analyse des conditions sanitaires locales. Les causes principales identifiées par les experts sanitaires pointent vers une combinaison de facteurs environnementaux et structurels : la consommation d’eau insalubre, la mauvaise gestion des déchets et la manipulation non hygiénique des aliments. Ces conditions créent un terrain propice à la propagation rapide du vibrion cholérique, particulièrement dans les aires de santé éloignées où l’accès aux soins reste limité.
Le choléra, maladie diarrhéique aiguë, se transmet principalement par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. La bactérie Vibrio cholerae provoque des diarrhées liquides abondantes et des vomissements qui peuvent entraîner une déshydratation sévère. Sans traitement rapide, le décès peut survenir en quelques heures. Pourtant, avec une réhydratation appropriée et des antibiotiques dans les cas sévères, le taux de mortalité peut être réduit à moins de 1%.
Robert Esabe, superviseur du bureau chargé de l’eau, hygiène et assainissement à Basoko, exprime son inquiétude grandissante : « Vu le nombre des cas, nous sommes presque en alerte par rapport aux stocks de médicaments. Nous appelons les autorités et les partenaires à intervenir rapidement pour éviter une crise sanitaire plus grave ». Ce cri d’alarme met en lumière les faiblesses structurelles du système de santé local, confronté à un manque criant de moyens logistiques, de médicaments essentiels et de personnel qualifié.
Face à cette urgence médicale en RDC, les équipes sanitaires locales poursuivent des activités de sensibilisation intensive. Elles informent la population sur les mesures préventives essentielles : le traitement de l’eau de consommation, le lavage systématique des mains au savon et la préparation des repas dans des conditions d’hygiène strictes. Ces gestes simples, s’ils sont adoptés par l’ensemble de la communauté, pourraient significativement réduire la transmission de la maladie.
La situation à Basoko illustre les défis sanitaires récurrents auxquels font face de nombreuses zones de santé en République Démocratique du Congo. L’éloignement géographique – Basoko se situe à environ 285 kilomètres de Kisangani – complique l’acheminement des secours et des médicaments. La Division provinciale de la santé, qui ne s’est pas encore exprimée officiellement sur la situation, fait face à de multiples défis dans une province où les ressources sanitaires sont limitées.
La menace de rupture des stocks de médicaments plane comme une épée de Damoclès sur les professionnels de santé et les habitants de Basoko. Les traitements contre le choléra, notamment les solutés de réhydratation orale et les antibiotiques pour les cas sévères, pourraient venir à manquer si l’épidémie continue de progresser au rythme actuel. Cette perspective inquiétante souligne l’urgence d’une mobilisation concertée entre les autorités sanitaires nationales, les partenaires humanitaires et les organisations internationales.
La crise sanitaire à Basoko nous rappelle que la lutte contre le choléra nécessite une approche intégrée combinant soins curatifs et actions préventives. L’amélioration de l’accès à l’eau potable, la construction d’infrastructures d’assainissement adéquates et l’éducation sanitaire permanente constituent les piliers d’une stratégie durable. Sans ces investissements structurels, les épidémies de choléra continueront de ressurgir cycliquement, frappant les populations les plus vulnérables.
Les habitants de Basoko et les professionnels de santé locaux espèrent un appui rapide du gouvernement et des partenaires humanitaires pour contenir cette épidémie de choléra. La fenêtre d’opportunité pour éviter une catastrophe sanitaire majeure se réduit chaque jour. La solidarité nationale et internationale pourrait faire la différence entre une crise contrôlée et une tragédie sanitaire aux conséquences humaines dramatiques.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
