Le système éducatif congolais s’apprête à vivre une révolution linguistique. Dès la prochaine année scolaire 2025-2026, les élèves de terminale devront désormais se confronter à une nouvelle épreuve à l’Examen d’État : l’oral d’anglais. Cette réforme, qualifiée d’historique par les spécialistes, vise à combler un déficit criant dans la formation des jeunes Congolais.
Comment se fait-il qu’après des années d’apprentissage, nombreux sont les élèves incapables de tenir une conversation basique en anglais ? La réponse réside peut-être dans l’approche pédagogique traditionnelle, trop focalisée sur l’écrit au détriment de la pratique orale. Sylvain Tshitoko, expert en langues à l’Université Pédagogique de Kananga, ne cache pas son enthousiasme : « Cette épreuve orale représente un progrès significatif pour développer la compétence communicative réelle des élèves ».
La mise en place de cette épreuve orale d’anglais en RDC répond à une nécessité d’adaptation au contexte mondial actuel. Dans un monde où l’anglais s’est imposé comme langue internationale des affaires, de la science et de la diplomatie, peut-on vraiment se permettre de former des élèves qui maîtrisent la grammaire mais ne savent pas s’exprimer oralement ?
Pourtant, derrière l’enthousiasme légitime se cachent des défis substantiels. Sylvain Tshitoko alerte sur les conditions de réussite de cette réforme éducative 2025 : « Sans formation adéquate des enseignants, sans matériel pédagogique adapté et sans critères d’évaluation standardisés, nous risquons d’accentuer les inégalités entre établissements scolaires ».
La question des moyens se pose avec acuité. Comment imaginer une épreuve orale d’anglais de qualité dans des écoles dépourvues de matériel audio, de manuels actualisés, ou pire, d’enseignants suffisamment formés à l’enseignement de l’oral ? Le défi est de taille pour le gouvernement congolais qui devra déployer des ressources conséquentes pour accompagner cette transition.
Les enjeux dépassent largement le cadre scolaire. Maîtriser l’anglais oral ouvre des portes dans l’enseignement supérieur, particulièrement dans des filières scientifiques et technologiques où la documentation est majoritairement en anglais. Sur le marché du travail, cette compétence devient un atout déterminant pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômés.
Quelles stratégies mettre en place pour garantir le succès de cette réforme ? La formation intensive des enseignants apparaît comme une priorité absolue. Il s’agira également de repenser les méthodes pédagogiques, en intégrant davantage d’activités d’expression orale dans le quotidien des classes. L’Examen d’État anglais au Congo ne doit pas devenir une épreuve redoutée, mais plutôt l’aboutissement naturel d’un apprentissage progressif et bien construit.
La route vers la maîtrise effective de l’anglais par les élèves congolais sera longue, mais cette réforme représente un premier pas essentiel. Reste à savoir si le gouvernement pourra mobiliser les ressources nécessaires pour transformer cette ambition en réalité tangible pour tous les élèves, qu’ils étudient à Kinshasa, à Kananga ou dans les zones rurales les plus reculées.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
