Kinshasa suffoque sous le poids de ses propres déchets. Une urgence sanitaire qui transforme la capitale congolaise en paysage de désolation écologique, où les montagnes d’ordures défient quotidiennement la santé publique et la dignité humaine. Face à cette crise environnementale qui s’installe dans la durée, une lueur d’espoir émerge du côté de l’Église du Christ au Congo, déterminée à inverser la tendance par un projet assainissement Kinshasa ambitieux.
L’ISTA, temple du savoir technique, devient le laboratoire vivant de cette révolution écologique. Comment une institution académique peut-elle transformer son cadre de vie tout en inspirant toute une métropole ? La réponse se trouve dans cette alliance inédite entre foi et science, entre spiritualité et écologie pratique. Le Révérend Éric Nsenga, porte-voix de cette initiative, ne mâche pas ses mots : « Notre combat dépasse le simple ramassage des déchets. Il s’agit de redonner à l’homme sa place dans l’écosystème ».
Le projet s’articule autour de trois piliers fondamentaux qui pourraient bien changer le visage de la gestion des déchets à Kinshasa. Première innovation : la décentralisation comme clé de l’efficacité. Les plans locaux d’assainissement doivent remplacer les approches centralisées qui ont montré leurs limites. Deuxième révolution : l’écocitoyenneté comme nouveau credo social. Former les étudiants, sensibiliser les quartiers, impliquer même les kulunas dans cette grande marche vers la salubrité. Une approche holistique qui considère que « valoriser les déchets sans valoriser l’humain est une entreprise vouée à l’échec ».
Troième axe, et non des moindres : la valorisation scientifique des déchets biodégradables. L’ISTA salubrité devient ainsi un incubateur d’innovations environnementales. Les étudiants-ingénieurs sont mis à contribution pour imaginer des solutions durables, pendant que la section météorologie de l’institut se transforme en observatoire de la pollution. Une synergie parfaite entre formation académique et urgence écologique.
Mais ce projet d’ECC environnement va-t-il suffire à relever le défi colossal des déchets Kinshasa ? La phase pilote, financée par l’Union européenne, cible 12 communes de la capitale pour un mois, avant une extension sur quatre ans. Une goutte d’eau dans l’océan des besoins, reconnaissent les initiateurs, mais une goutte qui pourrait faire des vagues. Déjà, le gouvernement montre des signes d’intérêt, avec la présence de conseillers présidentiels et de députés lors du lancement.
Willy Kalala, Secrétaire général administratif de l’ISTA, ne cache pas son enthousiasme : « Voir l’Église s’engager sur ce terrain, en plus de sa mission évangélique, ne peut que nous réjouir ». Une commission mixte incluant la coordination estudiantine et les services d’entretien est déjà opérationnelle. Les formations commenceront en janvier, accompagnées d’actions concrètes : gestion des déchets, construction de blocs sanitaires modernes pour redonner fierté aux étudiants.
L’urgence est palpable. Après chaque pluie, Kinshasa se transforme en paysage de détresse, les caniveaux obstrués transformant les artères de la ville en marécages insalubres. Le projet des « Mois de la Sauvegarde de la Création » en novembre et décembre veut instiller une nouvelle culture environnementale. Mais comment transformer des décennies de mauvaises habitudes ? La réponse du Révérend Nsenga est sans appel : « Par l’éducation et l’exemplarité ».
Cette initiative rejoint d’ailleurs les appels répétés du Président Félix Tshisekedi pour un sursaut collectif. La bataille pour un environnement propre ne peut reposer sur le seul gouvernement. Elle exige l’engagement de tous : autorités, citoyens, et maintenant institutions religieuses et académiques. L’écocitoyenneté RDC n’est plus un concept vague, mais une nécessité vitale.
Alors que la phase pilote se déploie, une question demeure : cette belle synergie saura-t-elle inspirer d’autres institutions ? L’ISTA, qui forme les ingénieurs en techniques appliquées du pays, pourrait bien devenir le modèle à suivre. Son approche technique apporte une valeur ajoutée cruciale dans un domaine trop souvent laissé aux improvisations.
Le chemin sera long, les défis immenses. Mais la détermination des acteurs de ce projet laisse entrevoir une lueur d’espoir. Kinshasa mérite mieux que son actuel statut de ville étouffant sous ses propres rejets. Cette initiative pourrait bien être le premier pas vers une métamorphose écologique tant attendue. La capitale congolaise respire-t-elle ses dernières heures avant la renaissance ? L’histoire nous le dira.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
