Le ministre des Mines Louis Watum Kabamba a pris une décision stratégique qui maintient sous haute surveillance plusieurs sites miniers des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Par un arrêté signé le 3 novembre et rendu public ce samedi 15 novembre, le statut « Rouge » est prorogé pour une période supplémentaire de six mois, à compter du 12 août 2025, concernant des sites miniers des territoires de Masisi et Kalehe.
Cette mesure exceptionnelle, fondée sur l’article 11 point b de l’Arrêté ministériel n°0677/CAB/MIN/MINES/ANSK/01/2021, intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Le gouvernement justifie cette prorogation par des révélations alarmantes contenues dans le rapport du Groupe d’experts des Nations Unies pour la RDC publié le 27 décembre 2024.
Selon ce document, une armée nationale d’un État membre de la CIRGL apporterait un soutien logistique et en troupes aux forces négatives opérant dans la partie orientale du territoire congolais. Cette collaboration militaire illégale s’étendrait particulièrement à plusieurs sites miniers, dont ceux mentionnés en annexe de l’arrêté ministériel. Quelle incidence cette situation aura-t-elle sur la stabilité économique de la région ?
L’exploitation et le commerce illicites des minerais organisés par ces agresseurs établissent une chaîne d’approvisionnement illégal qui viole systématiquement le cadre légal et réglementaire congolais. Cette économie souterraine contrevient également aux principes du « Manuel de Mécanisme régional de certification de la CIRGL » et aux directives du « Guide de l’OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsable en minerais provenant des zones de conflits ou à haut risque ».
Le gouvernement congolais considère ces chaînes d’approvisionnement illégal comme la source principale du financement de la guerre d’agression et d’occupation qui sévit dans l’Est du pays. Cette réalité économique sombre explique la nécessité pour les autorités de revoir les statuts des sites miniers les plus sensibles. Comment ces flux financiers illicites affectent-ils le développement légitime du secteur minier congolais ?
L’article 2 de l’arrêté prévoit que les sites qualifiés de « Rouge » peuvent faire l’objet d’un audit indépendant, soit du ministère des Mines, soit à l’initiative d’organismes internationaux comme l’ONU, l’OCDE et la CIRGL. Cette disposition ouvre la voie à un examen approfondi des pratiques commerciales et extractives dans ces zones à haut risque.
La CIRGL a d’ailleurs mis sur pied une Commission d’enquête ad-hoc chargée d’examiner la plainte de la RDC concernant la contrebande de ses minerais par le Rwanda. Cette initiative internationale renforce la position congolaise dans sa lutte contre l’exploitation illicite des ressources minières.
L’exécution de cet arrêté ministériel est confiée au secrétaire général aux Mines, à l’inspecteur général des Mines, au Directeur général du Cadastre minier, au Directeur général du CEEC et au Directeur général du SAEMAPE. Cette coordination interinstitutionnelle témoigne de la détermination des autorités à traiter le problème de l’exploitation illicite des minerais avec la plus grande rigueur.
La persistance des activités minières illégales dans ces zones conflictuelles représente un défi majeur pour la gouvernance des ressources naturelles en RDC. Le maintien du statut rouge sur ces sites miniers du Nord-Kivu et du Sud-Kivu souligne la complexité de la situation sécuritaire dans l’Est du Congo et ses implications économiques directes.
Cette décision ministérielle s’inscrit dans une stratégie plus large de formalisation du secteur minier et de lutte contre le financement des groupes armés par l’exploitation illicite des ressources naturelles. Elle démontre la volonté des autorités congolaises d’assainir un secteur crucial pour l’économie nationale, tout en préservant la souveraineté du pays sur ses richesses minières.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
