Dans les villes de Butembo et Beni, au Nord-Kivu, une onde de choc traverse la population. Le passeport biométrique RDC, document essentiel pour voyager à l’étranger, devient un luxe inaccessible pour de nombreux Congolais. Alors que le prix officiel passeport Congo est fixé à 75 dollars, la réalité sur le terrain est tout autre : les demandeurs doivent débourser plus de 200 dollars pour obtenir ce précieux sésame.
« C’est un vol à ciel ouvert qui nous indigne profondément », témoigne Jean-Paul, un jeune diplômé de Butembo qui rêve de poursuivre ses études à l’étranger. « Comment expliquer qu’un document censé être accessible devienne un privilège pour riches ? » Cette question, des milliers de familles se la posent aujourd’hui face à cette surfacturation passeport Butembo devenue pratique courante.
La Synergie des groupes de pression, mouvements citoyens et couches sociales de Butembo a rompu le silence. Dans une déclaration rendue publique ce lundi, cette structure dénonce avec véhémence ces pratiques qu’elle qualifie d’« escroquerie organisée ». Frank Mukenzi, porte-parole de la Synergie, ne mâche pas ses mots : « Curieusement, le prix réel n’est pas de 75 dollars, plutôt plus de 200 dollars. Cette sur-taxation suscite un questionnement d’une et mille personnes ».
Mais au-delà des chiffres, que cache cette situation ? Comment des frais passeport Beni peuvent-ils tripler sans que les autorités n’interviennent ? La société civile du Nord-Kivu pointe du doigt les agents impliqués dans la procédure de capture, accusés de profiter de la détresse des populations.
Le contraste est frappant entre les annonces officielles et la réalité vécue par les citoyens. Alors que le premier lot de plus de 200 passeports biométriques a été remis aux demandeurs le jeudi 6 novembre, près de trois semaines après le lancement du centre de capture de Beni, l’amertume demeure chez ceux qui ont dû payer le prix fort.
Face à cette situation explosive, la société civile Nord-Kivu monte au créneau avec des demandes précises. À la Ministre des Affaires Étrangères, elle demande d’instruire immédiatement ses équipes déployées sur le terrain de cesser la perception de ces frais supplémentaires illégaux. Au Gouverneur du Nord-Kivu, elle réclame un suivi effectif de la décision du Chef de l’État concernant le prix officiel passeport Congo.
« Cette situation crée une injustice sociale flagrante », analyse Marie Kambere, activiste des droits humains à Beni. « Les plus pauvres, ceux qui cherchent des opportunités à l’étranger pour soutenir leurs familles, se voient privés de ce droit fondamental. Le passeport devient un instrument d’exclusion plutôt que d’intégration ».
La menace plane désormais sur la région. La Synergie ne cache pas son intention de lancer des actions de grande envergure si cette surfacturation persiste. Dans une province déjà fragilisée par l’insécurité, cette nouvelle crise pourrait mettre le feu aux poudres.
Qui profite réellement de cette surfacturation ? Pourquoi les mécanismes de contrôle semblent-ils défaillants ? Ces questions restent en suspens tandis que des milliers de Congolais voient leurs rêves de mobilité internationale s’envoler à cause d’un passeport biométrique RDC prix devenu prohibitif.
Au-delà du scandale financier, c’est la crédibilité même de l’État qui est en jeu. Comment croire aux promesses de transparence quand, à quelques kilomètres de la capitale provinciale, des citoyens sont contraints de payer près de trois fois le prix officiel pour un document d’identité ?
La balle est désormais dans le camp des autorités. Leur réponse, ou leur silence, dira beaucoup sur leur engagement réel à servir les populations congolaises plutôt que des intérêts particuliers. L’heure est à l’action, car chaque jour qui passe voit de nouveaux Congolais se heurter au mur de l’injustice administrative.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
