Près de huit mois après la réussite au concours d’entrée organisé par l’État, plus de 1 700 candidats inspecteurs de la police judiciaire du parquet se retrouvent dans une situation d’abandon administratif inquiétante. Ces lauréats, dont la sélection avait été validée par les autorités compétentes, voient leurs perspectives professionnelles s’évaporer dans les méandres bureaucratiques du système judiciaire congolais.
Jeudi 13 novembre, une marche pacifique a été organisée à Kinshasa pour exprimer le mécontentement collectif de ces futurs agents de la force publique. Le cortège, composé de candidats déterminés mais non violents, a parcouru le trajet symbolique séparant la Primature du Palais de justice. Cette démonstration civique visait à interpeller directement les plus hautes instances de l’État sur l’impérieuse nécessité d’ouvrir les sessions de formation à l’École nationale de criminologie, conformément aux engagements initiaux.
La situation devient particulièrement critique pour les candidats originaires de l’intérieur du pays, contraints de survivre dans des conditions précaires en attendant une hypothétique intégration. Combien de temps ces lauréats devront-ils encore patienter avant de voir leurs efforts récompensés ? La question demeure sans réponse satisfaisante de la part des services compétents.
Donat Mwana, l’un des candidats inspecteurs, témoigne avec amertume : « À un moment donné, on nous avait appelés au ministère de la Justice où nous avions déposé nos dossiers et passé le contrôle. Jusque-là, nous n’avons pas eu de suite favorable. Notre ministre de tutelle ne veut pas nous recevoir. À l’inspection générale de la police judiciaire, on nous donne des réponses non satisfaisantes ».
Le malaise s’accentue avec les rumeurs persistantes concernant une éventuelle annulation des tests de sélection, ce qui jetterait un discrédit profond sur l’ensemble du processus de recrutement. Les candidats réclament avec insistance la signature d’un arrêté ministériel par le ministre d’État en charge de la Justice, document essentiel qui officialiserait leur prise en charge administrative et financière.
La formation des inspecteurs de police judiciaire représente pourtant un enjeu capital pour le renforcement du système judiciaire congolais. Comment envisager une amélioration de la sécurité et de la justice sans disposer de personnel qualifié et correctement formé aux techniques d’investigation modernes ?
Les candidats abandonnés lancent un appel pressant au Président de la République et à la Première ministre, espérant une implication personnelle des plus hautes autorités pour débloquer cette situation paradoxale. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui doit trancher entre honorer ses engagements ou risquer de décevoir une génération entière de futurs serviteurs de l’État.
L’École nationale de criminologie, institution clé dans la formation des cadres de la police judiciaire, reste dans l’attente d’instructions claires pour programmer le début effectif des sessions. La résolution de ce blocage administratif constituerait un signal fort en faveur de la modernisation de l’appareil judiciaire congolais et du respect des engagements de l’État envers ses futurs fonctionnaires.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
