La visite du président Félix Tshisekedi à Washington pour la signature de l’accord de paix avec son homologue rwandais Paul Kagame reste conditionnée au retrait préalable des troupes rwandaises du territoire congolais. Cette position ferme, énoncée par le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya lors d’une interview à RFI, marque un tournant dans les négociations de paix entre les deux pays voisins.
« Le retrait des troupes rwandaises est la condition principale pour que nous puissions avancer », a déclaré Muyaya, soulignant que le président congolais « ne peut pas se rendre à Washington sans que nous ne puissions être en mesure, avec les Américains avec lesquels nous travaillons, de constater qu’il y a eu retrait » des forces rwandaises. Cette exigence représente-t-elle un obstacle insurmontable ou une nécessaire clarification des positions avant toute avancée significative ?
Le cadre d’intégration économique régionale signé récemment entre Kinshasa et Kigali est perçu comme « un pas important » vers la signature de l’accord de Washington. Ce document, qui avait fait l’objet de vifs débats en octobre dernier, établit les bases d’une coopération renforcée dans plusieurs secteurs stratégiques : exploitation minière, infrastructures, énergie, développement industriel, industrie agroalimentaire, santé publique et tourisme transfrontalier.
Patrick Muyaya a qualifié cette évolution de « dynamique positive » qui devrait permettre « dans les jours qui viennent, de parvenir à la signature de cet accord par les présidents de la République ». Cependant, la mise en œuvre effective de ce cadre économique reste conditionnée à l’exécution « satisfaisante » du concept d’opérations (CONOPS) et de l’ordre opérationnel (OPORD), créant ainsi un lien direct entre la paix et la prospérité économique.
Devant la diaspora congolaise au Brésil, Félix Tshisekedi avait annoncé que « dans les jours qui suivent, la Maison Blanche va nous adresser l’invitation officielle pour aller signer l’accord de paix », tout en appelant à la prudence concernant l’évolution de la situation. Cette annonce contrastait avec le refus initial de Kinshasa de signer le cadre d’intégration économique en octobre dernier, malgré plusieurs jours de négociations intensives.
Le texte du Cadre d’intégration économique régionale (CIER) s’inscrit dans la continuité de la Déclaration de principes signée le 25 avril 2025 à Washington par les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais, et dans le prolongement de l’accord de paix conclu le 27 juin 2025 sous les auspices de l’administration Trump. Ces différents instruments diplomatiques forment un ensemble cohérent visant à stabiliser la région des Grands Lacs.
La médiation américaine joue un rôle crucial dans ce processus complexe. Les conditions posées par Tshisekedi concernant le retrait des troupes rwandaises avant sa visite à Washington témoignent de la détermination du gouvernement congolais à obtenir des garanties tangibles avant de s’engager plus avant dans le processus de normalisation. Cette approche pragmatique reflète-t-elle une nouvelle stratégie diplomatique ou simplement la prise en compte des réalités sécuritaires sur le terrain ?
Les observateurs régionaux suivent avec attention l’évolution de cette situation, conscient que la réussite des négociations entre la RDC et le Rwanda pourrait marquer un tournant décisif dans la stabilisation de l’Afrique centrale. La signature de l’accord de Washington représenterait alors une étape majeure dans la résolution d’un conflit qui dure depuis des décennies.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
