Les trombes d’eau qui s’abattent depuis plusieurs jours sur le Kasaï-Central ont transformé le quotidien de milliers d’habitants en véritable cauchemar. À Benaleka, commune rurale du territoire de Demba, la terre s’est littéralement dérobée sous la voie ferrée, créant un ravin profond qui a coupé net la circulation des trains. Cette rupture du lien ferroviaire entre les provinces du Kasaï et du Kasaï-Central plonge toute la région dans l’isolement et l’incertitude.
Comment une communauté entière peut-elle basculer ainsi dans la précarité en quelques heures de pluie ? La réponse se trouve dans ce ravin béant qui sépare désormais Kananga de son principal bassin de ravitaillement. Le territoire de Mweka, traditionnel grenier de la province, ne peut plus acheminer ses productions agricoles vers la capitale provinciale. Le maïs, aliment de base des populations locales, risque bientôt de manquer dans les marchés de Kananga, annonçant une crise alimentaire aux conséquences imprévisibles.
Marcel Masanka, coordonnateur de la Nouvelle société civile Congolaise de Demba, ne cache pas son inquiétude. « Ce ravin constitue un obstacle majeur au passage des locomotives et risque de plonger toute la région dans une crise socio-économique », alerte-t-il. Son plaidoyer urgent s’adresse autant aux autorités provinciales qu’à la direction de la Société Nationale des Chemins de fer (SNC). Dans sa voix résonne l’angoisse de toute une population prise au piège entre les intempéries et l’inaction des pouvoirs publics.
La situation dépasse largement le simple problème de transport. La Route Nationale N°41, alternative terrestre pour désenclaver la zone, a également subi des dommages importants. Double peine pour les habitants qui voient se réduire comme peau de chagrin leurs possibilités de déplacement et d’approvisionnement. Les conséquences économiques commencent déjà à se faire sentir : prix des denrées alimentaires en hausse, activités commerciales paralysées, isolement accru des populations rurales.
Le drame ne s’arrête pas aux infrastructures de transport. La paroisse catholique de Benaleka, lieu de culte et de rassemblement communautaire, est menacée par l’avancée inexorable d’un autre ravin. La tête de cette faille terrestre se trouve désormais à quelques mètres seulement du bâtiment principal, créant un sentiment d’insécurité permanent parmi les fidèles et les riverains. Jusqu’où ces ravins vont-ils grignoter le territoire et les habitats ?
Face à cette urgence multiple, la société civile locale multiplie les appels à l’aide. Les fortes pluies en RDC révèlent une fois de plus la vulnérabilité des infrastructures face aux aléas climatiques. Le trafic ferroviaire interrompu symbolise cette fragilité systémique qui touche particulièrement les régions éloignées des centres de décision. La voie ferrée coupée à Benaleka devient le symptôme d’un malaise plus profond : celui d’un développement inégal et d’une gestion des crises souvent tardive.
La question qui se pose aujourd’hui avec acuité est celle de la résilience des territoires face aux changements climatiques. Les ravins du Kasaï-Central ne sont-ils que le premier acte d’une série de catastrophes annoncées ? L’épisode actuel démontre l’impérieuse nécessité d’anticiper et de préparer les infrastructures aux phénomènes météorologiques extrêmes. La réhabilitation de la voie ferrée devient un impératif non seulement économique mais aussi humanitaire.
Alors que la crise économique guette Kananga, privée de son approvisionnement régulier en produits de première nécessité, l’urgence d’une intervention coordonnée s’impose. Le gouvernement central et provincial se trouveront-ils à la hauteur des enjeux ? La réponse à cette question déterminera le sort de milliers de familles déjà éprouvées par les conditions de vie difficiles. La solidarité nationale saura-t-elle se manifester concrètement pour ces populations du Kasaï-Central en détresse ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
