La République Démocratique du Congo se prépare à jouer un rôle central dans l’architecture institutionnelle africaine alors que Kinshasa s’apprête à accueillir, du 18 au 22 novembre 2025, la 47e Conférence des Présidents de Parlements africains et la 8e session du Comité exécutif de l’Union Parlementaire Africaine. Ce rendez-vous continental, qui transformera la capitale congolaise en épicentre du dialogue parlementaire africain, représente bien plus qu’une simple réunion protocolaire : il s’agit d’un véritable test pour la diplomatie parlementaire de la RDC.
L’organisation conjointe par l’Assemblée nationale et le Sénat congolais de cet événement majeur s’inscrit dans une stratégie plus large de repositionnement de la RDC sur l’échiquier continental. Après les décisions prises à N’Djamena en octobre 2024 puis confirmées à Rabat en mai 2025, Kinshasa devient le théâtre d’une consolidation institutionnelle cruciale pour l’Union Parlementaire Africaine. La question qui se pose désormais est la suivante : la RDC parviendra-t-elle à transformer cette opportunité diplomatique en influence politique durable ?
Le programme des travaux, dévoilé dans un communiqué officiel, révèle l’ambition des organisateurs. L’examen et l’adoption du programme annuel de travail pour 2026, la discussion du projet de budget, les rapports des différentes commissions, ainsi que des thématiques prioritaires comme la consolidation de la souveraineté nationale au service du développement durable, constituent l’ossature de ces assises. Les défis de la transition énergétique et la gouvernance du numérique au profit des droits des femmes figurent également à l’agenda, témoignant de la volonté d’aborder les enjeux contemporains les plus pressants.
La participation annoncée du Comité des femmes parlementaires, avec un accent particulier sur l’autonomisation des femmes à travers la bonne gouvernance digitale, souligne l’évolution des priorités de la coopération interparlementaire africaine. Cette dimension genre, souvent reléguée au second plan dans les instances internationales, pourrait constituer l’un des apports significatifs de cette conférence présidents parlements africains.
Derrière les aspects protocolaires se cache une réalité politique plus complexe. Le protocole d’accord signé le 19 juillet dernier entre les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Vital Kamerhe et Sama Lukonde, et le Secrétaire général de l’UPA, Idi Gado Boubacar, ne se limite pas à des dispositions logistiques. Il formalise une alliance stratégique entre le Parlement congolais et l’institution continentale, ouvrant la voie à une présidence tournante de la RDC au sein de l’organisation.
Cette perspective, approuvée lors de la 83e session du Comité exécutif tenue à N’Djamena, représenterait une consécration pour la diplomatie parlementaire congolaise. Mais quel prix devra-t-elle payer pour cette reconnaissance ? La RDC saura-t-elle transformer cette position d’influence en leviers concrets pour ses intérêts nationaux et continentaux ?
Créée en 1976 à Abidjan, l’Union Parlementaire Africaine regroupe aujourd’hui 42 parlements nationaux africains. Sa mission fondamentale – promouvoir le dialogue, la coopération et l’unité d’action entre les institutions parlementaires du continent – n’a jamais été aussi cruciale dans un contexte africain marqué par des défis multiples. La tenue de ces assises à Kinshasa pourrait marquer un tournant dans l’histoire de cette institution, à condition que les engagements pris se traduisent en actions concrètes.
La véritable question qui se pose aux participants de cette conférence présidents parlements africains est celle de la capacité des institutions parlementaires africaines à peser sur les grandes orientations continentales. Entre souveraineté nationale et intégration régionale, entre tradition et modernité, entre parole et action, les parlementaires africains devront trouver le juste équilibre lors de ce sommet parlementaire décisif pour l’avenir institutionnel du continent.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
