Le gouvernement provincial du Kongo Central se trouve plongé dans une crise institutionnelle inédite. Mercredi dernier, le gouverneur Grâce Bilolo a manqué à son obligation de rendre compte de sa politique générale devant l’Assemblée provinciale, créant ainsi un vide politique qui interroge sur la gouvernance de cette province stratégique.
Comment justifier cette absence remarquée alors que les élus provinciaux attendaient des réponses cruciales sur la gestion de la province ? L’exécutif provincial invoque une convocation du vice-Premier ministre de l’Intérieur à Kinshasa dans le cadre des préparatifs de la table ronde nationale sur l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes. Une justification qui, si elle semble légitime en surface, ne convainc pas l’ensemble de la classe politique locale.
La gestion financière de la province apparaît au cœur des préoccupations. Le député Cerlain Gonda, initiateur de la motion d’interpellation, soulève des questions brûlantes sur l’utilisation de l’emprunt provincial de 20 millions de dollars. Où sont passés ces fonds destinés au développement de la province ? La transparence dans la gestion des recettes pétrolières et minières, vitales pour l’économie du Kongo Central, reste un sujet d’inquiétude majeur.
L’ancien gouverneur Atou Matubuana ne mâche pas ses mots, qualifiant cette absence de « mépris des institutions ». Son intervention révèle les fractures au sein de l’assemblée et la tension palpable entre l’exécutif et le législatif. La question des exonérations fiscales accordées à certaines entreprises mériterait-elle un examen plus approfondi ? Les députés semblent le penser.
Les projets d’infrastructures dans le Kongo Central connaissent un ralentissement préoccupant. Les chantiers des stades Lumumba de Matadi, Mfuki d’Inkisi et Socol de Boma sont à l’arrêt, symbolisant l’essoufflement de la dynamique de développement provincial. Ces réalisations promises à la population tardent à voir le jour, alimentant le scepticisme des citoyens.
La séance plénière s’est achevée dans la confusion la plus totale, après une réunion à huis clos qui n’a fait qu’accentuer les divisions. L’Assemblée provinciale du Kongo Central se trouve désormais face à un dilemme institutionnel : sanctionner cette absence ou attendre le retour du gouverneur ?
Au-delà de l’incident protocolaire, c’est toute la crédibilité de l’exécutif provincial qui se joue. La rétrocession des recettes provinciales, les mécanismes de contrôle des finances publiques et la finalisation des projets structurants constituent autant de dossiers sensibles qui attendent des réponses claires.
La table ronde sur l’emploi des jeunes, si importante soit-elle, peut-elle justifier ce déplacement à Kinshasa au détriment des obligations provinciales ? La question mérite d’être posée alors que la jeunesse du Kongo Central attend des solutions concrètes à son désœuvrement.
Cette absence du gouverneur Bilolo intervient à un moment crucial où la province a plus que jamais besoin de leadership et de vision claire. Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir politique du Kongo Central et la relation entre l’exécutif et le législatif.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
