La rupture de la géomembrane du bassin de rétention des eaux usées de Congo Dongfang Mining (CDM) le 3 novembre dernier a provoqué une catastrophe écologique sans précédent à Lubumbashi. Des eaux lourdement polluées se sont déversées dans les quartiers densément peuplés, transformant la vie de milliers de familles en un cauchemar environnemental. Comment une telle défaillance technique a-t-elle pu survenir dans une zone aussi sensible ?
La pollution minière à Lubumbashi atteint des niveaux alarmants, créant une urgence sanitaire majeure. Les eaux contaminées ont inondé routes, habitations et marchés, tandis que la rivière Lubumbashi subit une asphyxie progressive avec une mortalité massive de poissons et d’espèces aquatiques. L’air ambiant porte désormais des odeurs nauséabondes provoquant de vives irritations nasales parmi la population.
Face à cette crise, la suspension CDM RDC décidée par le gouvernement pour trois mois apparaît comme une mesure nécessaire mais insuffisante. L’Institut de recherche en droits humains (IRDH) sonne l’alarme : les distributions symboliques de bouteilles d’eau et de cache-nez à quelques centaines de familles ne sauraient constituer une réparation digne de ce nom. Hubert Tshiswaka Masoka, coordonnateur de l’IRDH, insiste sur l’ampleur réelle des dégâts et la nécessité de réparations conséquentes.
Les conséquences sanitaires de ce déversement eaux polluées s’annoncent dramatiques. Les perturbateurs endocriniens présents dans ces effluents miniers représentent une menace silencieuse mais redoutable. Troubles hormonaux, malformations congénitales, cancers et altérations de la reproduction : le cocktail toxique déversé dans l’environnement menace directement la santé des populations riveraines sur le long terme.
La contamination de la nappe phréatique, des forages et des puits d’eau potable ajoute une dimension critique à cette catastrophe. Les communautés locales se retrouvent privées de leurs sources d’approvisionnement en eau, créant une dépendance dangereuse vis-à-vis des distributions d’urgence. Jusqu’à quand devront-elles subir les conséquences de cette négligence industrielle ?
L’IRDH rappelle avec force que la responsabilité de CDM ne saurait être éludée sous prétexte d’une « erreur technique imprévisible ». Le droit minier congolais et le Code civil établissent clairement la responsabilité objective des entreprises en matière de dommages environnementaux. Les articles 258 et 259 du Code civil consacrent le principe fondamental : tout fait de l’homme qui cause un dommage oblige à réparation.
Les réparations dégâts environnementaux exigées par la société civile doivent transcender les simples gestes symboliques. Il s’agit d’engager un processus complet de décontamination, d’indemnisation des populations affectées et de mise en place de mesures préventives durables. La crédibilité du système de régulation minière en RDC se joue dans la gestion de cette crise.
Alors que les droits humains fondamentaux des communautés riveraines sont bafoués, l’IRDH appelle le gouvernement provincial à s’engager résolument pour garantir l’accès à une justice environnementale. La protection des populations contre les dérives industrielles doit devenir une priorité absolue, au risque de voir se multiplier ce type de catastrophes écologiques.
La rivière Lubumbashi, artère vitale de la région, étouffe sous l’effet des rejets toxiques. Sa renaissance passera nécessairement par une accountability totale de l’entreprise responsable et une transparence absolue dans le processus de réhabilitation. Le temps des demi-mesures est révolu : l’urgence écologique commande une action résolue et immédiate.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
