26.2 C
Kinshasa
mardi, décembre 30, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSantéRDC: Les pharmaciens sonnent l'alerte sur l'accès aux médicaments

RDC: Les pharmaciens sonnent l’alerte sur l’accès aux médicaments

Le secteur pharmaceutique congolais se trouve à un tournant décisif de son histoire. Du 6 au 8 novembre dernier, la capitale congolaise a accueilli le 6e congrès ordinaire de l’ordre des pharmaciens, un événement crucial qui a mis en lumière les défis majeurs entravant l’accès aux soins de santé de qualité et aux produits pharmaceutiques en République Démocratique du Congo. Comment expliquer que dans un pays aussi vaste et peuplé, l’accès aux médicaments essentiels reste un parcours du combattant pour des millions de citoyens ?

Les professionnels du secteur ont identifié plusieurs obstacles structurels qui compromettent sérieusement la mise en œuvre effective de la Couverture Santé Universelle (CSU). L’exercice illégal de la pharmacie représente une menace constante pour la santé publique, exposant les patients à des produits de qualité douteuse. Mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg. L’insuffisance criante du nombre de pharmaciens qualifiés sur l’ensemble du territoire national crée des déserts pharmaceutiques dans de nombreuses régions, laissant des communautés entières sans accès à des conseils médicaux professionnels.

La production locale de médicaments, quant à elle, se limite essentiellement à des formes simples comme les comprimés, sirops, gélules et suppositoires. Cette limitation technique soulève une question fondamentale : comment assurer l’autonomie pharmaceutique d’un pays sans usines de production de principes actifs ? L’absence de telles infrastructures contraint la RDC à une dépendance presque totale vis-à-vis de l’importation, avec toutes les conséquences que cela implique en termes de coûts et de sécurité d’approvisionnement.

Face à ce constat préoccupant, les pharmaciens congolais ont formulé des recommandations ambitieuses mais réalistes. La création d’une Commission Permanente chargée d’Assainissement, fruit d’une collaboration entre le CNOP et le gouvernement, représente une première étape cruciale pour assainir le secteur. Cette approche multisectorielle pourrait enfin permettre de mettre fin aux pratiques illégales qui minent la profession depuis des années.

L’augmentation du nombre de pharmaciens formés dans les facultés des sciences pharmaceutiques constitue un autre pilier essentiel de cette stratégie. Mais former davantage de professionnels ne suffira pas si, dans le même temps, on ne développe pas une industrie pharmaceutique locale capable de produire des matières premières. Imaginez un instant les bénéfices que pourrait retirer la RDC en maîtrisant toute la chaîne de valeur, depuis la production des principes actifs jusqu’à la distribution des médicaments finis.

Le renforcement des structures d’approvisionnement sur l’ensemble du territoire national et le financement conséquent de la recherche pharmaceutique complètent cette vision holistique. Comme l’a souligné Glory Panzu, Président sortant de l’ordre national des pharmaciens (CNOP) : « L’ordre des pharmaciens veillera à ce qu’aucun pharmacien ne puisse compromettre l’image de la profession et que les patients restent au centre de nos préoccupations, en réduisant au maximum les effets néfastes des médicaments. »

La tenue prochaine des états généraux du secteur pharmaceutique apparaît donc comme une nécessité absolue. Ces assises permettront au gouvernement de mettre en place efficacement le système national d’approvisionnement en médicaments, véritable pilier de la couverture santé universelle. Le timing est d’autant plus crucial que la RDC dispose déjà de deux décrets portant reconnaissance des grades de docteur en pharmacie et organisation du système national d’approvisionnement en médicament.

L’élection de Kayiba Dilayen Monnot à la tête du Conseil national des pharmaciens pour un mandat de quatre ans intervient à un moment charnière. Le nouveau leadership devra concrétiser les résolutions de ce congrès historique, notamment la création de l’Agence nationale des médicaments (ANAMED), cet établissement public destiné à rétablir une chaîne de distribution fiable, garantir la qualité des produits et améliorer leur accessibilité.

Le thème choisi pour ce 6e congrès – « Rôle stratégique pour le pharmacien congolais dans l’accès aux soins de santé » – n’est donc pas anodin. Il traduit une prise de conscience collective : sans un secteur pharmaceutique robuste, transparent et accessible, la couverture santé universelle restera une belle idée sur le papier. Les défis sont immenses, mais les solutions existent. Reste maintenant à les mettre en œuvre avec détermination et cohérence, pour que chaque Congolais puisse enfin bénéficier de soins de santé dignes de ce nom.

Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd

Commenter
Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 29 Décembre 2025

Violents affrontements à Kikwit, suspension du général Ekenge, regain d’instabilité à l’est et évasion massive à Kisankala rythment l’actualité de ce 29 décembre 2025. Les FARDC reprennent Katoyi au M23, la presse réclame justice après le meurtre de Thierry Lole, tandis que Théo Bongonda anime le mercato. Retrouvez l’essentiel de la journée en 3 minutes.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques