Dans l’ombre des lumières de Noël qui illuminent les grandes villes, une autre magie opère au cœur des villages congolais. Alors que les centres urbains débordent de festivités, que se passe-t-il vraiment dans le Congo profond ? La réponse se trouve peut-être dans le mouvement initié par KEMESHA CHARITY, qui redéfinit la signification de la solidarité pendant les fêtes.
« Je n’avais jamais vu un arbre de Noël de ma vie », confie Marie, 12 ans, orpheline du Kasaï Oriental. Son témoignage résonne comme un électrochoc dans un pays où les contrastes sociaux s’accentuent. Comment accepter que des enfants grandissent sans connaître la magie de Noël, alors qu’à quelques centaines de kilomètres, d’autres s’émerveillent devant des décorations lumineuses ?
Le mouvement Noël dans nos villages est né de cette prise de conscience. Inspiré par les valeurs bibliques et la sagesse ancestrale, il s’est fixé une mission : recréer du lien social là où l’État peine à intervenir. « Un seul doigt ne peut laver toute la figure », rappelle la fondatrice, citant ce proverbe congolais qui résume parfaitement l’esprit de l’initiative.
L’édition 2022 a marqué un tournant décisif. Avec 100 000 USD mobilisés grâce à des bienfaiteurs visionnaires, 2.000 enfants orphelins et albinos du Kasaï Oriental ont découvert pour la première fois la chaleur d’une célébration collective. Parmi les donateurs, des noms connus comme Angèle Tshimbombo Mukuna Kalala, Pierrette Bemba, Suzanne Tshimuanga, et SE Guy Loando Mboyo ont répondu présent, démontrant que la solidarité nationale n’est pas qu’un vain mot.
Mais au-delà de la fête éphémère, KEMESHA CHARITY a choisi d’inscrire son action dans la durée. Le soutien aux femmes démunies organisées au sein de la MUFFA représente cette volonté de « Laisser des Traces Qui Demeurent », selon le leitmotiv de la fondatrice. Une approche qui contraste avec l’assistanat traditionnel et qui vise l’autonomisation des communautés.
L’année 2024 a confirmé l’ampleur nationale du mouvement. Sous le thème TUIBAKAYI KWETU (« Construisons chez nous »), la mobilisation a dépassé toutes les attentes avec 405 000 USD collectés. Le Grand Katanga s’est distingué comme principal contributeur, tandis que le Tanganyika est devenu le modèle de la solidarité interprovinciale. Cette dynamique prouve-t-elle que les Congolais sont prêts à se prendre en charge collectivement ?
Les réalisations concrètes parlent d’elles-mêmes : cinq écoles de formation professionnelle, comprenant chacune six salles de classe, sortent de terre dans cinq territoires différents du Kasaï Oriental. Baptisées aux noms des plus grands donateurs, ces infrastructures représentent bien plus que des bâtiments – elles incarnent l’espoir d’un avenir meilleur pour des milliers de jeunes.
À Beena Cimbi, l’école Rachel Forrest honore la mémoire des donateurs Georges Arthur Forrest. À Mwa Kwadi, c’est le nom de Pierrette Bemba qui orne les murs de l’établissement. Chaque salle de classe portera le nom des donateurs ayant fourni les bancs scolaires, créant ainsi un lien tangible entre bienfaiteurs et bénéficiaires.
L’ASBL DITUNGA, dirigée par l’Abbé Apollinaire, assure la rigueur dans l’utilisation des fonds. « Ici, la charité prend la forme de l’éducation à travers la formation professionnelle comme finalité », explique-t-on du côté de l’organisation partenaire. L’inauguration des ouvrages est prévue pour fin novembre, promettant de transformer durablement le paysage éducatif de la région.
La troisième édition, annoncée pour le 21 décembre 2025 à Kolwezi sous le thème TUJENGE KWETU, s’inscrit dans la continuité de cette vision. Le mouvement ne cesse de grandir, prouvant que la solidarité des donateurs Congo peut véritablement impulser un développement communautaire RDC tangible.
Mais au-delà des chiffres et des infrastructures, que représente vraiment cette initiative ? Est-ce simplement une action charitable ou l’amorce d’un nouveau modèle de développement ? La réponse se trouve peut-être dans le sourire des enfants qui découvrent pour la première fois la magie de Noël, dans la dignité retrouvée des mères de famille, dans ces salles de classe qui s’ouvrent enfin.
Noël dans nos villages démontre avec force que la construction d’un Congo meilleur passe par l’engagement de tous. Alors que les projecteurs se braquent souvent sur les problèmes, cette initiative montre les solutions qui émergent de la société elle-même. Les donateurs Congo, par leur générosité, écrivent une page d’histoire dont les chapitres à venir s’annoncent plus prometteurs.
Dans un pays souvent miné par les divisions, cette vague de solidarité nationale RDC apporte un message d’espoir. Elle prouve que lorsque les Congolais unissent leurs forces, ils peuvent accomplir des miracles – pas seulement à Noël, mais tout au long de l’année. Le développement communautaire RDC n’est plus une utopie, mais une réalité qui prend forme, village après village, école après école, sourire après sourire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
