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RDC : Le gouvernement tente de museler l’opposition provinciale

Dans un contexte politique particulièrement volatile, la République Démocratique du Congo assiste à une tentative de reprise en main des institutions provinciales par le pouvoir central. L’initiative, pilotée par le Vice-Premier Ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, sous l’égide du Président du Sénat Jean-Michel Sama Lukonde, révèle les fractures persistantes au sein du paysage politique congolais. Cette réunion d’urgence des chefs de regroupements et partis politiques membres de l’Union sacrée de la Nation interpelle sur la fragilité des équilibres institutionnels dans les provinces.

La résurgence des instabilités provinciales, marquée par des motions et pétitions jugées « inopportunes » par le gouvernement, soulève des questions fondamentales sur la gouvernance territoriale. Comment expliquer cette prolifération soudaine de initiatives parlementaires dans un contexte où le pays fait face à l’agression rwandaise via la rébellion du M23 ? Les autorités pointent du doigt certaines manœuvres politiques orchestrées, selon elles, dans le but de prendre le contrôle des provinces. Cette analyse gouvernementale mérite-t-elle d’être nuancée ?

La déclaration de Sama Lukonde à l’issue de la réunion du 8 novembre à Kinshasa éclaire les motivations profondes de cette démarche : « Il était question de répondre à un vœu de son excellence Monsieur le Président de la République qui a vraiment à cœur la paix et la sécurité de notre pays ». Le discours officiel insiste sur l’impératif de stabilité dans cette « période sécuritaire particulière », mais ne cache pas la volonté d’imposer une discipline politique aux élus provinciaux.

Les participants ont unanimement soutenu l’idée de suspendre les initiatives parlementaires de destitution, créant ainsi un front commun face aux velléités d’instabilité institutionnelle. Cette position unanime masque-t-elle pour autant les tensions sous-jacentes au sein de la majorité présidentielle ? La demande expresse du gouvernement Shabani aux bureaux des assemblées provinciales d’adopter une résolution gelant les pétitions et motions « pendant cette période de guerre » illustre la détermination des autorités à circonscrire les crises politiques internes.

Le ministre de l’Intérieur n’a pas mâché ses mots en déplorant le non-respect des engagements pris lors des précédentes conférences des gouverneurs. Sa dénonciation des initiatives parlementaires « souvent en violation du droit de réponse » révèle l’exaspération du pouvoir central face à ce qu’il perçoit comme des manœuvres dilatoires. Dans quelle mesure cette approche autoritaire peut-elle réellement résoudre les tensions structurelles qui minent les institutions provinciales ?

La référence constante à l’agression rwandaise et à la rébellion du M23 sert de justification à cette consolidation du pouvoir central. Le gouvernement instrumentalise-t-il la menace extérieure pour museler l’opposition interne ? La rhétorique sécuritaire employée par Jacquemain Shabani, lorsqu’il évoque la « guerre d’agression attribuée au Rwanda et à ses alliés », participe clairement d’une stratégie de légitimation des mesures de restriction des débats parlementaires provinciaux.

L’engagement des responsables politiques à « accompagner ces institutions provinciales qui ont dans leurs missions régaliennes de veiller au bon fonctionnement de nos provinces » sonne comme un rappel à l’ordre plus que comme une adhésion spontanée. La loyauté à la « haute autorité » invoquée par Sama Lukonde traduit une conception hiérarchique du pouvoir qui pourrait à terme étouffer la vitalité démocratique des provinces.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre des instructions directes du Président de la République et de la Première ministre, confirmant la centralisation accrue des décisions politiques. La volonté affichée d’enrayer le cycle d’instabilité qui retarde la mise en œuvre des politiques publiques et freine le développement administratif et socio-économique du pays répond à des préoccupations légitimes. Mais le remède ne risque-t-il pas d’être pire que le mal ?

Les prochains jours révéleront l’efficacité de cette stratégie de stabilisation des institutions provinciales. La capacité du gouvernement à imposer cette trêve politique dans les assemblées locales constituera un test décisif pour l’Union sacrée de la Nation. La cohésion affichée lors de la réunion de Kinshasa résistera-t-elle aux réalités du terrain et aux ambitions personnelles des acteurs politiques ? L’équilibre entre stabilité institutionnelle et expression démocratique reste à trouver dans cette période cruciale pour l’avenir de la décentralisation en RDC.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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