La République Démocratique du Congo vit un moment historique dans sa lutte contre les épidémies. Alors que le pays se rapproche de la fin officielle de l’épidémie d’Ebola dans la zone de santé de Bulape au Kasaï, d’autres défis sanitaires persistent, créant un paysage épidémiologique complexe qui teste la résilience du système de santé congolais.
Le compte à rebours est désormais bien engagé : 24 jours seulement séparent la RDC de la déclaration officielle de la fin de l’épidémie Ebola, à condition qu’aucun nouveau cas ne soit enregistré d’ici là. Cette perspective encourageante fait suite à 41 jours consécutifs sans notification de nouveau cas, une performance remarquable dans une zone rurale difficile d’accès comme Bulape. Comment les autorités sanitaires ont-elles réussi à contenir cette épidémie dans un environnement aussi contraignant ?
Le ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévention, Samuel Roger Kamba, a confirmé ces avancées significatives lors du Conseil des ministres du 7 novembre 2025. Le dernier patient guéri a quitté le centre de traitement Ebola le 19 octobre 2025, marquant une étape cruciale dans ce combat sanitaire. Les derniers contacts suivis sont sortis de la cohorte de surveillance depuis le 17 octobre, réduisant considérablement les risques de propagation.
Cette 16ème épidémie d’Ebola enregistrée en RDC depuis la découverte du virus en 1976 a été particulièrement éprouvante pour les communautés du Kasaï. Malgré les défis logistiques liés à l’éloignement géographique, à l’état des routes et au manque d’infrastructures, le ministère de la Santé, avec l’appui de l’OMS et de ses partenaires, a intensifié les mesures de riposte. La surveillance épidémiologique renforcée, la prise en charge rapide des cas et la sensibilisation communautaire ont constitué les piliers de cette stratégie couronnée de succès.
Mais cette bonne nouvelle concernant Ebola ne doit pas occulter les autres défis sanitaires auxquels fait face le pays. La situation du choléra présente en effet un tableau contrasté. Si le nombre de cas suspects a globalement diminué, passant de 1 231 à 1 069 entre les semaines 42 et 43, avec 38 décès et une létalité de 3,6%, la ville de Kinshasa connaît une résurgence préoccupante. La capitale a enregistré 26 nouveaux cas suspects, dont six décès au cours de la même période. Cette situation rappelle que la vigilance reste de mise face à cette maladie qui profite souvent des conditions d’hygiène précaires pour se propager.
Le Mpox (variole du singe) présente également une évolution contrastée selon les régions. Alors que le ministre note une diminution du nombre de cas notifiés à l’échelle nationale, certaines provinces continuent de faire face à des situations préoccupantes. Le Sud-Kivu a ainsi enregistré une augmentation significative, passant de 146 à 252 cas entre les semaines 42 et 43. Dans la même période, le Sankuru a connu une légère amélioration, avec 257 cas contre 276 précédemment. Ces disparités régionales soulignent l’importance d’adapter les stratégies de réponse aux spécificités locales.
Face à cette triple menace épidémique, le gouvernement a présenté les actions de riposte en cours et formulé des recommandations spécifiques. La coexistence de ces crises sanitaires simultanées – Ebola, choléra, Mpox et rougeole – met en lumière la nécessité de renforcer les systèmes de santé et de maintenir une vigilance constante. Comment la RDC peut-elle mieux se préparer à faire face à ces défis sanitaires récurrents ?
L’expérience acquise dans la gestion de l’épidémie d’Ebola pourrait servir de modèle pour répondre aux autres crises. Les protocoles de surveillance épidémiologique, les mécanismes de coordination entre partenaires et l’engagement communautaire ont démontré leur efficacité. La maladie à virus Ebola, infection rare mais grave souvent mortelle chez l’humain, nécessite une réponse rapide et coordonnée. La transmission interhumaine s’effectue par contact direct avec le sang ou les liquides biologiques d’une personne malade ou décédée, ou avec des objets contaminés, ce qui exige des mesures de protection rigoureuses.
Grâce aux traitements et protocoles médicaux actuels, les chances de survie sont désormais beaucoup plus élevées lorsque la prise en charge est précoce et que les patients bénéficient de soins de soutien adaptés. Cette évolution positive dans la prise en charge d’Ebola pourrait inspirer les approches thérapeutiques pour d’autres maladies.
Alors que la RDC s’approche de ce cap symbolique que représente la fin de l’épidémie d’Ebola, le pays doit maintenir ses efforts sur tous les fronts sanitaires. La résurgence du choléra à Kinshasa et la persistance du Mpox dans certaines provinces rappellent que la vigilance et les investissements dans le système de santé restent plus que jamais nécessaires. La prochaine déclaration officielle concernant Ebola constituera sans doute un moment fort dans l’histoire de la santé publique en RDC, mais elle ne devra pas faire oublier les autres combats qui attendent encore le pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
