Dans le paysage diplomatique congolais, les négociations Doha RDC M23 poursuivent leur cours sinueux, marqué par des progrès mesurables mais confronté à des obstacles tenaces. La quatrième réunion du Comité mixte de surveillance de l’Accord de Washington a révélé une situation contrastée : si le mécanisme de suivi du cessez-le-feu a tenu sa première réunion le 5 novembre, le processus d’échange des prisonniers reste prisonnier de divergences fondamentales.
Le département d’État américain, dans son communiqué du 7 novembre, a salué les avancées tout en soulignant le rôle essentiel du processus de paix Congo piloté par le Qatar. Cette reconnaissance internationale masque-t-elle une inquiétude grandissante face aux blocages persistants ? La communauté internationale, réunie autour des États-Unis, du Qatar et de l’Union africaine, semble jouer sa crédibilité dans cette médiation complexe.
Le cœur du différend réside dans l’implémentation du mécanisme d’échange de prisonniers signé en septembre 2025. Le Comité international de la Croix-Rouge, désigné comme intermédiaire neutre, se trouve paralysé par les désaccords sur les critères de libération, particulièrement pour les personnes suspectées de crimes graves. Cette impasse technique cache-t-elle des divergences politiques plus profondes entre Kinshasa et le mouvement rebelle ?
La création du mécanisme conjoint de vérification du cessez-le-feu Est RDC lors du sixième round de pourparlers en octobre 2025 représente incontestablement une avancée significative. La participation des États-Unis, du Qatar et de l’Union africaine en tant qu’observeurs garantit théoriquement une transparence nécessaire. Mais peut-on véritablement parler de progrès quand la mise en œuvre concrète des engagements tarde à se matérialiser ?
Le mouvement AFC/M23 conditionne ouvertement le succès du dispositif au « respect par Kinshasa de ses engagements », tandis que le gouvernement congolais affiche sa volonté d’aboutir à la cessation des hostilités. Ce dialogue de sourds persistant ne risque-t-il pas de vider de sa substance le processus de paix tant vanté par la communauté internationale ?
Les observateurs avertis notent que les réunies d’août 2025 avaient déjà permis la signature de mesures de confiance, dont celle relative à l’échange prisonniers M23. Leur non-application effective plusieurs mois plus tard interroge sur la réelle volonté politique des parties prenantes. Le gouvernement congolais joue-t-il la montre, espérant une usure diplomatique du mouvement rebelle ?
La médiation Qatar Congo se trouve ainsi à un tournant décisif. Les prochains jours révèleront si les acteurs concernés entendent véritablement donner une chance à la paix ou si les beaux discours cachent une réalité moins glorieuse faite de calculs politiques et de positions inflexibles. L’enjeu dépasse largement la signature d’accords : il s’agit de restaurer la confiance entre des parties qui s’affrontent depuis des décennies.
Alors que la région des Grands Lacs observe avec attention l’évolution de ces pourparlers, une question fondamentale demeure : les mécanismes techniques suffiront-ils à combler le fossé politique séparant les belligérants ? La réponse à cette interrogation déterminera l’avenir non seulement du processus de paix mais aussi de millions de civils pris au piège dans ce conflit qui semble interminable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
