Les images qui circulent sur les réseaux sociaux sont insoutenables. Des corps sans vie alignés sur le bas-côté de cette route mythique qui relie la RDC à la Zambie. Ce lundi 10 novembre, la nationale Kasumbalesa a encore écrit une page sombre de son histoire, avec une collision frontale qui a emporté une dizaine de vies humaines.
« Je n’oublierai jamais cette scène de désolation », confie Jean-Baptiste, un habitant de la zone qui a assisté aux premières heures des secours. « Des cris, de la fumée, et cette odeur âcre de métal tordu et d’essence. Comment en est-on arrivé là ? Comment une route si fréquentée peut-elle devenir un tel piège mortel ? »
Selon les premiers éléments recueillis auprès des témoins oculaires, deux véhicules circulant en sens inverse n’ont pas réussi à éviter le choc. La violence de l’impact a projeté les passagers hors des habitacles, tandis que d’autres restaient prisonniers des tôles froissées. Des images diffusées montrent plusieurs corps inertes entassés les uns sur les autres, pendant que les sauveteurs tentaient désespérément de secourir les survivants coincés dans les épaves.
La pluie qui s’est abattue sur la région du Haut-Katanga dans la matinée aurait joué un rôle déterminant dans cette tragédie. Combinée à un excès de vitesse présumé, la chaussée glissante a transformé cette artère économique en couloir de la mort. « Quand il pleut, cette portion devient une patinoire », déplore un chauffeur routier habitué du trajet. « Mais les conducteurs continuent de rouler comme si de rien n’était. »
Ce nouvel accident mortel sur la route de Kasumbalesa soulève des questions cruciales sur la sécurité routière en RDC. Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des mesures concrètes ne soient prises ? L’état déplorable des infrastructures, le non-respect systématique du code de la route, l’absence de contrôle technique rigoureux : autant de facteurs qui transforment nos routes en véritables champs de bataille.
Au-delà du drame immédiat, c’est tout un système qui montre ses limites. Les familles des victimes, plongées dans le deuil, attendent toujours des informations officielles. À midi, aucun bilan précis n’avait été communiqué par les autorités, laissant place aux rumeurs et à l’angoisse. Cette opacité dans la gestion des crises routières n’est-elle pas, elle aussi, une forme de violence institutionnelle ?
La route Kasumbalesa, vitale pour l’économie congolaise, paye un lourd tribut en vies humaines. Chaque accident rappelle cruellement l’urgence d’une politique nationale de sécurité routière digne de ce nom. Entre la vétusté du parc automobile, le manque de formation des conducteurs et l’insuffisance des infrastructures, le cocktail est explosif.
Ce drame intervient dans un contexte où les accidents de la route font des milliers de victimes chaque année en République Démocratique du Congo. Pourtant, des solutions existent : renforcement des contrôles de vitesse, amélioration de la signalisation, campagnes de sensibilisation, entretien régulier des chaussées. Autant de mesures qui pourraient sauver des vies si elles étaient appliquées avec rigueur.
En attendant, les Congolais continuent de prendre des risques mortels à chaque déplacement. Cette collision meurtrière à Kasumbalesa sonne comme un rappel tragique de la précarité de la vie sur nos routes. Quand cesserons-nous de considérer ces drames comme une fatalité ? Quand déciderons-nous collectivement que chaque vie perdue sur la route est une vie de trop ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
