« C’était auparavant un ravin. Incroyable mais vrai. Ce n’est pas encore fini, mais c’est déjà très bien. On entrait dans le ravin, on faisait à peu près 45 minutes pour traverser », témoigne avec émotion un habitant de Diulu, les yeux brillants de soulagement. Cette simple déclaration résume le calvaire vécu pendant près de quatre décennies par des milliers de familles de Mbuji-Mayi.
La réhabilitation de l’avenue Mgr Nkongolo à Mbuji-Mayi marque un tournant historique pour la capitale du Kasaï Oriental. Après 30 longues années de rupture entre les communes de Diulu et Bipemba, cette artère vitale renaît enfin de ses cendres. Comment une ville peut-elle fonctionner quand ses quartiers sont coupés les uns des autres par des ravins profonds ? La réponse se lit dans les sourires des habitants qui redécouvrent le chemin de l’autre côté.
Les travaux routiers dans le Kasaï Oriental menés par l’entreprise SAFRIMEX ont relevé un défi technique considérable : maîtriser les têtes de ravins qui dévoraient progressivement la chaussée. Ce projet de près de 2 kilomètres, s’étendant du rond-point Petrombu jusqu’à Tshiombela, représente bien plus qu’une simple route. Il symbolise la reconquête de l’espace urbain et la reconnexion d’une communauté fracturée.
L’Office des voiries et drainage (OVD), maître d’ouvrage de ces travaux, souligne que le chantier n’est pas encore totalement achevé. Pourtant, l’ouverture partielle à la circulation des piétons, motocyclettes et véhicules transforme déjà le quotidien des populations. « Cette route était un véritable abattoir », confie un commerçant de Bipemba. « Maintenant, je peux approvisionner ma boutique en moins de dix minutes au lieu de devoir faire un détour de plusieurs kilomètres. »
Le projet Tshilejelu RDC prend ici tout son sens. Comment promouvoir le développement local sans infrastructure de mobilité ? La réhabilitation de cette avenue participe directement à la relance des échanges sociaux et économiques entre Diulu et Bipemba. Les marchés reprennent vie, les familles se retrouvent, les enfants peuvent rejoindre leurs écoles sans risquer leur vie dans des ravins.
Les impacts sur la mobilité urbaine de Mbuji-Mayi sont déjà tangibles. Le temps de trajet entre les deux communes est passé de 45 minutes à quelques minutes seulement. Cette amélioration transforme la qualité de vie des habitants tout en stimulant les activités économiques locales. Les petits commerces renaissent le long de l’axe, les transports en commun retrouvent leur fluidité, et l’accès aux services de santé s’améliore considérablement.
Mais au-delà des aspects techniques et économiques, cette réhabilitation route Diulu Bipemba représente un signal fort pour toute la région. Elle démontre que les défis infrastructurels les plus complexes peuvent être relevés. Elle montre aussi l’importance de la persévérance dans les projets de développement urbain. Après tant d’années d’attente, les populations retrouvent confiance en l’avenir de leur ville.
Quels enseignements tirer de cette réussite ? D’abord, que la résolution des problèmes d’infrastructure nécessite une approche technique adaptée aux réalités locales. Ensuite, que l’implication des communautés concernées est essentielle pour garantir la pérennité des aménagements. Enfin, que le développement urbain ne se mesure pas seulement en kilomètres de routes bitumées, mais aussi en liens sociaux restaurés et en vies quotidiennes améliorées.
Alors que les travaux se poursuivent sous la supervision de l’OVD office voiries drainage, une question se pose : cette réussite pourra-t-elle servir de modèle pour d’autres artères délabrées de la ville ? La réponse se construira dans la capacité à capitaliser sur cette expérience positive. Pour l’heure, les habitants de Mbuji-Mayi savourent cette victoire sur l’enclavement, conscient que le chemin vers une ville entièrement connectée reste long, mais désormais praticable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
