Dans une intervention remarquée sur la chaîne nationale RTNC, le ministre du Commerce extérieur Julien Paluku a délivré un message stratégique aux producteurs cacao RDC, les exhortant à une réorganisation structurelle de leur secteur. Cette déclaration intervient dans un contexte où les fluctuations des cours mondiaux impactent directement la rémunération des cultivateurs locaux.
« La solution réside dans la mutualisation des forces », a martelé le ministre, soulignant que la fragmentation actuelle des producteurs constitue un frein majeur à leur capacité de négociation. Comment les cultivateurs pourraient-ils espérer influencer les marchés s’ils demeurent isolés face à des acheteurs organisés ? La réponse du gouvernement est claire : la création de coopératives cacao représente le levier indispensable pour rééquilibrer les rapports de force.
Le ministre commerce extérieur a développé une argumentation économique implacable : « La rétention stratégique de la production, lorsqu’elle est coordonnée au sein d’une structure collective, devient une arme de négociation redoutable. Face à une pénurie organisée, les acheteurs n’ont d’autre choix que d’aligner leurs offres sur les exigences des producteurs. » Cette approche contraste avec la situation actuelle où la précarité pousse les cultivateurs à brader leur récolte pour obtenir des liquidités immédiates.
Au-delà de la simple recommandation, Julien Paluku a précisé les modalités pratiques de cette transformation. Les producteurs sont invités à solliciter conjointement le ministère du Développement rural et celui de l’Agriculture pour obtenir l’agrément nécessaire à la constitution de coopératives légales. Cette formalisation administrative représente le premier pas vers une professionnalisation durable de la filière.
L’engagement gouvernemental ne s’arrête pas à ce cadre institutionnel. Le ministre a promis un accompagnement concret dans l’identification des débouchés les plus compétitifs, une démarche essentielle pour maximiser la valeur des productions congolaises. Dans un marché mondialisé où l’information constitue un avantage concurrentiel décisif, cet appui pourrait changer la donne pour les producteurs cacao RDC.
La deuxième partie du message ministériel concernait directement les mécanismes de fixation des prix cacao RDC. Julien Paluku a dénoncé avec fermeté les pratiques de certains intermédiaires qui « profitent de l’asymétrie d’information pour imposer des conditions commerciales défavorables aux producteurs ». Face à cette réalité, le gouvernement met à disposition un outil de transparence : la mercuriale commerce RDC.
« Cette publication hebdomadaire constitue la référence officielle pour l’ensemble des transactions », a rappelé le ministre. Elle établit non seulement les cours du cacao et du café, mais également ceux de l’huile de palme et des minerais stratégiques comme le cobalt et le cuivre. La méconnaissance de cet instrument par les acteurs de terrain représente un manque à gagner considérable pour l’économie nationale.
Quelles perspectives concrètes cette initiative ouvre-t-elle pour la filière cacaoyère congolaise ? La structuration en coopératives, couplée à une meilleure maîtrise des instruments de régulation, pourrait permettre aux producteurs de capter une part plus importante de la valeur ajoutée. À moyen terme, cette évolution contribuerait à revaloriser l’activité agricole et à freiner l’exode rural, deux enjeux majeurs pour le développement économique de la RDC.
Le succès de cette stratégie dépendra cependant de son appropriation par les acteurs de terrain. La capacité des coopératives cacao émergentes à fédérer les producteurs et à négocier collectivement déterminera l’impact réel de cette politique sur les prix cacao RDC. Le ministère du Commerce extérieur jouera un rôle crucial dans ce processus, devant simultanément réguler le marché et accompagner la professionnalisation des producteurs.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
