La scène diplomatique africaine prépare un nouveau coup de théâtre avec l’annonce d’une rencontre discrète mais hautement symbolique entre l’ancien président congolais Joseph Kabila et son homologue togolais Faure Gnassingbé. Ce tête-à-tête, prévu ce vendredi 15 novembre dans la capitale togolaise, s’inscrit dans une période cruciale pour l’avenir de la République Démocratique du Congo, alors que les tensions persistent dans l’Est du pays.
Selon des sources proches de l’ancien chef de l’État congolais, cette invitation émane directement du président Gnassingbé, fraîchement revenu de la conférence internationale sur les Grands Lacs organisée à Paris. La France, l’Union Africaine, les États-Unis et l’Union Européenne auraient explicitement encouragé le dirigeant togolais à poursuivre ses efforts de médiation, lui confiant la délicate mission de rassembler les différentes parties congolaises autour d’une table de discussions.
Quels sont les véritables enjeux de cette rencontre entre Joseph Kabila et le président togolais ? Au-delà des apparences, cette démarche diplomatique révèle la complexité des équilibres politiques dans la région des Grands Lacs. Le président Gnassingbé, convaincu du rôle pivot que pourrait jouer l’ancien chef de l’État dans la résolution de la crise, mise sur l’influence et le réseau de Joseph Kabila pour apaiser les tensions qui minent la stabilité du pays.
La perspective d’un dialogue national comprehensive semble être au cœur des préoccupations des deux dirigeants. Cette initiative s’inscrirait dans la continuité des pourparlers de Doha entre le gouvernement de Kinshasa et la rébellion de l’AFC/M23, ainsi que de l’accord prévu entre la RDC et le Rwanda sous l’égide américaine. Le timing de cette rencontre n’est certainement pas anodin, alors que la communauté internationale intensifie ses efforts pour trouver une solution durable à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Joseph Kabila, qui a toujours défendu l’idée d’un dialogue sous les auspices de la CENCO-ECC, trouverait en Faure Gnassingbé un interlocuteur privilégié pour convaincre le président Félix Tshisekedi de l’urgence d’organiser ces assises nationales. La diplomatie togolaise, réputée pour sa discrétion et son efficacité, jouerait ainsi les facilitateurs dans un contexte politique congolais particulièrement sensible.
Cette approche soulève cependant plusieurs interrogations sur la stratégie réelle des différents acteurs. Le président Gnassingbé parviendra-t-il à convaincre Joseph Kabila de s’engager pleinement dans un processus de dialogue dont les contours restent encore flous ? L’ancien chef de l’État acceptera-t-il de jouer le jeu de la médiation internationale, au risque de voir son influence canalisée par des acteurs extérieurs ?
La résolution du conflit dans l’Est de la RDC représente un enjeu majeur pour la stabilité de toute la région. Les différentes rebellions, dont le M23, continuent de menacer la souveraineté du pays, tandis que les populations civiles paient un lourd tribut à cette instabilité chronique. La communauté internationale, par la voix du président togolais, semble avoir choisi de miser sur l’expérience et le réseau de Joseph Kabila pour débloquer une situation qui paraissait jusqu’ici insoluble.
Cette rencontre à Lomé pourrait donc marquer un tournant décisif dans la gestion de la crise congolaise. Elle témoigne de la reconnaissance du rôle que continue de jouer l’ancien président dans l’échiquier politique national, mais aussi des limites de l’action diplomatique traditionnelle face à la complexité des dynamiques locales. La capacité de Faure Gnassingbé à fédérer les différentes sensibilités politiques congolaises constituera le véritable test de cette initiative.
Les prochains jours seront cruciaux pour évaluer l’impact réel de cette diplomatie discrète. La réussite ou l’échec de cette médiation togolaise pourrait conditionner l’avenir immédiat de la RDC, mais aussi redéfinir les équilibres géopolitiques dans une région où les intérêts des puissances internationales s’entremêlent avec les réalités locales. La communauté internationale observe avec attention cette tentative de résolution de la crise congolaise, consciente que tout échec pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la stabilité de toute l’Afrique centrale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
