Dans une déclaration qui pourrait redéfinir les fondamentaux de la coopération économique entre Kinshasa et Pékin, le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a martelé un message sans équivoque lors du Forum sur la coopération économique, commerciale et culturelle sino-africaine 2025 (FOCAF) à Zhejiang. Le gouvernement congolais ne souhaite plus se contenter du rôle traditionnel de pourvoyeur de matières premières brutes, mais exige désormais une coopération économique Chine RDC fondée sur la création de valeur ajoutée RDC significative.
« Les investissements chinois en RDC doivent contribuer à insérer l’économie congolaise dans les chaînes de valeur mondiales », a affirmé le ministre, soulignant la nécessité de dépasser la logique strictement extractive qui a longtemps caractérisé les échanges économiques entre les deux pays. Cette position marque un changement de paradigme dans l’approche congolaise des investissements chinois RDC, avec une exigence claire de transfert de compétences et de technologies.
Comment la RDC peut-elle transformer son immense potentiel minier et agricole en avantage économique durable ? La réponse de Daniel Mukoko Samba s’articule autour d’une vision stratégique en trois piliers fondamentaux pour la diversification économique Congo. Premièrement, accélérer la diversification de l’économie nationale pour réduire la dépendance aux secteurs extractifs. Deuxièmement, augmenter la productivité du travail, particulièrement dans l’agriculture, secteur qui emploie près de 70% de la population active. Troisièmement, formaliser le tissu entrepreneurial pour créer un environnement propice aux investissements structurants.
Le ministre a rappelé que la RDC, pays le plus peuplé d’Afrique centrale avec environ 100 millions d’habitants, dispose d’atouts démographiques majeurs. « Notre population jeune représente un potentiel extraordinaire pour le développement économique des prochaines décennies », a-t-il souligné, ajoutant que cette main-d’œuvre doit être formée et intégrée dans des industries transformatrices locales.
Les implications économiques de ce repositionnement stratégique sont considérables. Actuellement, les produits miniers non transformés représentent plus de 80% des exportations congolaises vers la Chine. La nouvelle approche prônée par Daniel Mukoko Samba pourrait modifier radicalement cette structure commerciale en favorisant l’émergence d’industries de transformation locales. Cette évolution répond à une nécessité économique impérieuse : créer des emplois décents et durables pour absorber les centaines de milliers de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail.
Sur le plan géoéconomique, cette position congolaise s’inscrit dans un mouvement plus large de réévaluation des partenariats économiques Sud-Sud. Plusieurs pays africains revoient actuellement leurs accords de coopération pour maximiser les retombées locales et éviter le piège de la spécialisation dans l’exportation de matières premières non transformées. La RDC, avec ses ressources naturelles exceptionnelles et son poids démographique, pourrait jouer un rôle pionnier dans cette reconfiguration des relations économiques avec la Chine.
Les prochains mois seront déterminants pour concrétiser cette vision. La capacité du gouvernement congolais à négocier des accords de partenariat alignés sur ces nouveaux objectifs stratégiques, ainsi que la réaction des investisseurs chinois face à ces exigences accrues de création de valeur locale, constitueront des indicateurs clés de la réussite de cette nouvelle approche. Une chose est certaine : l’ère des simples échanges de matières premières contre des infrastructures semble révolue, au profit d’un partenariat plus équilibré et mutuellement bénéfique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
