Dans une initiative visant à briser les tabous entourant la sexualité en République Démocratique du Congo, des jeunes leaders communautaires viennent de bénéficier d’une formation approfondie sur la santé sexuelle et reproductive dans le cadre du projet innovant « IKAB 81 ». Cette capacitation, orchestrée par l’organisation Afriyaan, représente une avancée significative dans l’approche des questions intimes souvent considérées comme sensibles dans le contexte congolais.
Mais pourquoi est-il si crucial d’investir dans l’éducation sexuelle des jeunes en RDC ? La réponse réside dans les chiffres alarmants concernant les grossesses précoces, les infections sexuellement transmissibles et les avortements clandestins qui touchent particulièrement la jeunesse congolaise. Le projet IKAB 81 apporte une réponse concrète à ces défis sanitaires majeurs en formant des pairs éducateurs qui deviendront des relais essentiels au sein de leurs communautés.
Jovianne Tshanda, responsable du programme Éducation et Entrepreneuriat chez Afriyaan, explique que cette approche transformative mise sur le dialogue direct entre jeunes. « Le projet met particulièrement en lumière les échanges entre les jeunes de la communauté et les pairs éducateurs, à travers la création d’espaces où les jeunes pourront se rencontrer et discuter des thématiques qui les concernent », souligne-t-elle. Trois espaces de dialogue seront ainsi établis à CCLK, Mugunga (à l’ouest de Goma) et à Kitshanga, dans le territoire de Masisi, permettant ainsi une approche décentralisée et inclusive.
La formation, d’une richesse remarquable, a couvert plusieurs domaines essentiels au développement des jeunes. Au-delà de la santé sexuelle et reproductive, les participants ont acquis des compétences en appui psychosocial, en entrepreneuriat et en leadership transformationnel. Cette approche holistique reconnaît que la santé sexuelle ne peut être dissociée du bien-être psychologique et des opportunités économiques des jeunes.
Madame Perle Biray Ruzuba, sage-femme et facilitatrice de la formation, a précisé le rôle crucial des pairs éducateurs : « Les pairs éducateurs doivent savoir référer aux structures sanitaires les cas dépassant leurs compétences, reconnaître les signes des MST, enseigner l’utilisation correcte du préservatif et promouvoir la planification familiale ». Ces compétences techniques, combinées à une approche empathique, permettront aux éducateurs d’accompagner efficacement leurs pairs dans des décisions éclairées concernant leur santé.
Dido Mvita Kayembe, l’un des participants, a partagé une perspective éclairante sur l’importance de cette initiative : « Les jeunes ont besoin d’être informés pour éviter les conséquences parfois graves liées à une mauvaise gestion de leur sexualité. Parler de sexualité n’est pas un scandale, mais une nécessité. C’est en brisant les tabous que les jeunes pourront faire des choix éclairés ». Ce témoignage souligne combien le silence autour des questions sexuelles peut avoir des conséquences dévastatrices sur la vie des jeunes Congolais.
Le projet IKAB 81 représente ainsi une innovation majeure dans le paysage de la santé communautaire en RDC. En créant des espaces sécurisés où les jeunes peuvent aborder librement des sujets traditionnellement considérés comme tabous, l’initiative contribue à normaliser les conversations sur la santé sexuelle. Cette approche participative, où les jeunes sont acteurs de leur propre éducation, montre des résultats prometteurs dans la prévention des risques sanitaires.
Comment cette formation va-t-elle concrètement transformer les communautés ? Les pairs éducateurs nouvellement formés deviendront des points de référence essentiels pour leurs camarades, offrant des informations fiables dans un environnement de confiance. Leur capacité à orienter vers les structures sanitaires appropriées et à fournir un premier niveau de conseil pourrait significativement réduire les comportements à risque et améliorer l’accès aux services de santé.
La réussite de ce projet IKAB81 pourrait servir de modèle pour d’autres régions de la RDC, démontrant que l’éducation par les pairs représente une stratégie efficace pour aborder les sujets sensibles liés à la sexualité. Alors que de nombreux jeunes Congolais continuent de faire face à des défis complexes concernant leur santé reproductive, de telles initiatives ouvrent la voie vers une génération mieux informée, plus responsable et capable de contribuer au développement de leurs communautés.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
