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Maniema : Les églises mobilisées contre le mariage des enfants

Dans la province du Maniema, une réalité troublante persiste malgré les multiples alertes : des jeunes filles, parfois à peine adolescentes, voient leur avenir sacrifié sur l’autel des traditions et de la précarité économique. Le mariage précoce continue de voler l’enfance à des milliers de filles, les privant d’éducation et de rêves. Comment en est-on arrivé là ?

« Nous avons rencontré des cas de filles de 14 ans mariées de force à des hommes âgés », témoigne une travailleuse sociale de Kindu sous couvert d’anonymat. « Leurs parents justifient cela par la pauvreté ou des pressions communautaires. Le pire, c’est que certaines églises bénissent ces unions sans poser de questions. »

Face à cette situation alarmante, le Bureau des Inspecteurs des Droits de l’Homme (BIDH) a décidé de mobiliser un allié de taille : les leaders religieux. Crispin Muyololo Ndariloko, coordonnateur national du BIDH, lance un appel pressant aux serviteurs de Dieu du Maniema. « Les églises et communautés religieuses doivent devenir des remparts contre le mariage précoce au Maniema », affirme-t-il avec conviction.

La stratégie proposée est claire : intégrer dans les prédications et enseignements religieux des messages forts sur l’éducation des filles, la responsabilité parentale et la protection de l’enfance au Congo. Les fidèles, particulièrement les parents, doivent comprendre les conséquences dévastatrices du mariage précoce sur le développement physique et psychologique des jeunes filles.

Mais pourquoi les leaders religieux de RDC sont-ils si cruciaux dans cette lutte ? La réponse réside dans leur influence considérable au sein des communautés. Dans une province où la religion occupe une place centrale dans la vie quotidienne, les pasteurs, prêtres et imams disposent d’une crédibilité morale incontestable. Leurs paroles portent bien au-delà des murs des lieux de culte.

« Quand un pasteur parle du mariage précoce pendant son sermon, les fidèles écoutent », explique un habitant de Kailo. « Beaucoup plus que quand ce sont des organisations qui viennent faire de la sensibilisation. »

Le BIDH envisage une approche collaborative ambitieuse. Il s’agit de créer des ponts solides entre les structures religieuses, les organisations féminines et les services sociaux. L’objectif ? Établir un réseau de vigilance et d’accompagnement capable d’identifier les situations à risque et d’intervenir à temps.

Les autorités politico-administratives sont également interpellées. Leur soutien est essentiel pour déployer des campagnes de sensibilisation massives et des programmes éducatifs adaptés aux réalités des familles rurales et urbaines du Maniema. La protection de l’enfance ne peut être l’affaire d’un seul acteur, mais doit mobiliser l’ensemble de la société.

Au-delà des discours, des actions concrètes commencent à émerger. Certaines églises organisent déjà des séances de sensibilisation spécifiquement dédiées aux parents. D’autres refusent catégoriquement de célébrer des mariages impliquant des mineures. Ces initiatives, bien que encore isolées, montrent la voie à suivre.

Quels sont les défis à surmonter ? Les mentalités profondément ancrées, la pauvreté qui pousse les familles à voir dans le mariage de leurs filles une solution économique, et certaines interprétations traditionnelles des textes religieux. Autant d’obstacles qui nécessitent une approche patiente et respectueuse.

L’éducation des filles au Maniema représente pourtant un enjeu capital pour le développement de toute la province. Chaque jeune fille arrachée à l’école pour être mariée, c’est un potentiel de développement qui s’évapore. Comment construire une société prospère quand on prive une partie de sa population de formation et d’autonomie ?

La mobilisation des leaders religieux dans la lutte contre le mariage précoce au Maniema pourrait marquer un tournant décisif. Leur engagement pourrait briser le silence complice qui entoure trop souvent ces pratiques. Leur voix pourrait redonner espoir à des milliers de jeunes filles condamnées à une vie qu’elles n’ont pas choisie.

Le combat pour les droits humains au Congo passe nécessairement par la protection des plus vulnérables. Et dans le Maniema, comme dans tant d’autres régions du pays, les jeunes filles représentent cette frange de la population qui mérite une attention particulière. Leur avenir est aussi celui de toute la nation.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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