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Inondations Kinshasa: John Banza Lunda déclare la guerre aux constructions anarchiques

À chaque épisode pluvieux, Kinshasa semble revêtir les habits d’une cité fantôme, submergée par les eaux et paralysée dans ses fonctions vitales. La descente terrain du ministre John Banza Lunda sur le site du pont Cabu ce mercredi 5 novembre 2025 révèle plus qu’une simple inspection routinière : elle dévoile la face cachée d’une urbanisation débridée qui asphyxie progressivement la capitale congolaise.

Le boulevard Triomphal, artère symbolique de la ville, se transforme en paysage lacustre à chaque averse, mettant à nu les failles structurelles d’un développement urbain longtemps négligé. Les inondations à Kinshasa ne constituent plus de simples aléas climatiques mais bien le symptôme d’une gestion urbaine défaillante. Le ministre des Infrastructures et Travaux publics, dans un état d’urgence déclaré, pointe du doigt les constructions anarchiques comme principal responsable de cette situation critique.

« Nous avons un problème de conduites d’eau bloquées par des constructions anarchiques et sauvages », a martelé John Banza Lunda, dans une déclaration sans ambages qui sonne comme un réquisitoire contre des pratiques immobilières illégales. Le ministre, visiblement déterminé, associe le gouvernement provincial dans cette croisade contre l’occupation illicite des voies d’écoulement des eaux. Cette alliance intergouvernementale marque-t-elle un tournant dans la coordination des actions urbaines ?

La visite du pont Cabu, dont la livraison est annoncée dans neuf jours, sert de décor à cette prise de position ferme. L’ouvrage, pourtant symbole de modernisation, se trouve paradoxalement menacé par l’environnement immédiat qui l’enserre. « L’eau ne peut plus atteindre la rivière Kalamu parce que des individus ont bâti sur les collecteurs », constate amèrement le ministre, décrivant un scénario où le développement infrastructurel se heurte à l’incivisme urbain.

La réponse gouvernementale se veut sans appel : John Banza Lunda annonce le déblocage des fonds nécessaires pour engager sans délai les opérations de démolition. Cette décision radicale interroge sur l’efficacité des mécanismes de contrôle urbanistique antérieurs. Comment ces constructions illicites ont-elles pu proliférer en toute impunité jusqu’à menacer l’intégrité hydraulique de la ville ?

Dans un langage inhabituellement direct, le ministre lance un avertissement cinglant : « Que le peuple de Kinshasa retienne le souffle : tout celui qui a construit sur le collecteur, sur une conduite d’eau, nous allons casser ». Cette déclaration, à la fois menaçante et libératrice, dessine les contours d’une nouvelle gouvernance urbaine où la loi s’imposerait à tous, sans distinction de rang ou d’influence.

Le programme de modernisation des infrastructures, initié par le Président Félix Tshisekedi, trouve ici son premier véritable test de crédibilité. L’« état d’urgence infrastructurel » proclamé par le ministre justifie-t-il ces mesures expéditives ? La mise en place d’équipes de contrôle permanentes témoigne d’une volonté d’inscrire cette action dans la durée, mais soulève également des questions sur la capacité de l’administration à prévenir plutôt que guérir.

Les démolitions de constructions illégales annoncées s’inscrivent dans un contexte plus large de catastrophes récurrentes. Entre avril et juin de l’année en cours, les pluies diluviennes ont causé la mort d’au moins 29 personnes à Kinshasa, rappel cruel de l’urgence à agir. Cette opération de tolérance zéro représente-t-elle la solution miracle ou simplement un pansement sur une jambe de bois ?

La stratégie du ministre Banza Lunda, bien que saluée par certains, suscite des interrogations sur sa mise en œuvre effective. La destruction des habitations illégales résoudra-t-elle le problème des inondations si elle n’est pas accompagnée d’une politique de relogement et de planification urbaine cohérente ? Le gouvernement provincial, représenté par le ministre Mulumba, devra faire preuve de doigté dans l’application de ces mesures impopulaires mais nécessaires.

Kinshasa se trouve à la croisée des chemins : la ville peut-elle véritablement emprunter la voie d’une urbanisation ordonnée et durable, ou continuera-t-elle à naviguer entre emergency declarations et solutions temporaires ? La fermeté affichée par John Banza Lunda marque un point de non-retretour dans la gestion des infrastructures urbaines, mais son succès dépendra de la constance dans l’application des décisions et de la coordination entre les différents niveaux de pouvoir.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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