Le saturnisme, cette intoxication insidieuse au plomb qui menace particulièrement les enfants, fait l’objet d’une mobilisation croissante à Goma. Une dizaine d’acteurs de la société civile viennent d’être sensibilisés aux mécanismes de lutte contre ce flau méconnu mais potentiellement dévastateur.
Organisée par l’association Appui aux initiatives communautaires de Conservation de l’Environnement et de développement durable (AICED), cette séance de formation s’inscrivait dans le cadre de la semaine mondiale de lutte contre le saturnisme, célébrée du 19 au 25 octobre dernier. Mais au-delà de l’événement ponctuel, c’est une prise de conscience durable que les organisateurs cherchent à instaurer.
Comment le plomb, ce métal lourd, s’invite-t-il dans notre quotidien ? La réponse du directeur de l’AICED, Faustin Nyebone, est alarmante : « Les particules de plomb sont très répandues dans notre environnement. La peinture, les sachets plastiques ou même les carburants deviennent des sources d’exposition lorsqu’ils sont imprudemment manipulés. »
Le spécialiste détaille les mécanismes d’intoxication avec une précision qui donne à réfléchir. « Lorsqu’on applique de la peinture sur un mur et que des particules s’en détachent, les enfants les inhalent inconsciemment. Quand on place des aliments chauds dans des récipients en plastique, le plomb migre vers la nourriture, contaminant ainsi les consommateurs. Même les carburants contiennent du plomb comme antidétonant, et l’inhalation des fumées de combustion devient une porte d’entrée vers l’intoxication. »
Pourquoi les enfants sont-ils particulièrement vulnérables au saturnisme à Goma ? Leur métabolisme en développement et leurs comportements exploratoires les exposent davantage. Portage des mains à la bouche, contact direct avec les surfaces contaminées, inhalation de poussières… autant de voies d’exposition qui font des plus jeunes les premières victimes de cette intoxication au plomb en RDC.
Les conséquences sur la santé publique dans le Nord-Kivu sont multiples et graves. « Le plomb attaque tous les systèmes et appareils de l’organisme », alerte Faustin Nyebone. « Il s’attaque au système nerveux central, compromettant le développement cognitif des enfants. Il affecte le système cardiovasculaire, perturbe l’appareil digestif, et augmente significativement les risques de cancer des poumons et de l’estomac. »
Face à cette menace silencieuse, l’atelier organisé par l’AICED poursuivait trois objectifs clés : renforcer les connaissances sur les différentes formes d’exposition au plomb, identifier les mécanismes de lutte adaptés au contexte local, et mobiliser les parties prenantes autour d’une stratégie concertée.
La lutte contre le saturnisme à Goma nécessite une approche multidimensionnelle. Au-delà de la sensibilisation, il s’agit de promouvoir des alternatives aux produits contenant du plomb, d’améliorer les pratiques de manipulation des matériaux potentiellement contaminés, et de développer des systèmes de surveillance épidémiologique.
Quelles solutions concrètes peuvent être mises en œuvre pour protéger les populations du Nord-Kivu ? L’éducation communautaire apparaît comme un pilier essentiel. Apprendre à reconnaître les sources d’exposition, adopter des comportements préventifs, et savoir identifier les premiers symptômes d’intoxication constituent des compétences vitales.
L’implication des acteurs locaux dans cette lutte contre le saturnisme en RDC est cruciale. Les organisations de la société civile, les autorités sanitaires, les professionnels de l’éducation et les leaders communautaires doivent unir leurs forces pour développer des réponses adaptées au contexte spécifique de la région.
La route vers l’élimination du saturnisme à Goma est encore longue, mais chaque étape compte. Les connaissances partagées lors de cet atelier représentent autant d’outils pour construire un environnement plus sain, où les enfants pourront grandir à l’abri des effets dévastateurs de l’intoxication au plomb.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
