Dans un contexte humanitaire particulièrement fragile, les autorités sanitaires de la Tshopo tirent la sonnette d’alarme. La province fait face à une situation épidémiologique préoccupante concernant le VIH/Sida au sein des populations déplacées, nécessitant une intervention urgente et coordonnée.
Comment expliquer cette vulnérabilité accrue des personnes déplacées face au VIH/Sida ? Les conditions de vie précaires dans les sites d’accueil, le traumatisme psychologique lié aux conflits et la rupture des circuits de soins habituels créent un terrain propice à la propagation du virus. Les services de santé spécialisés observent avec inquiétude cette combinaison de facteurs qui expose ces populations à des risques élevés de contamination.
La récente réunion organisée entre le Programme multisectoriel de lutte contre le Sida (PNMLS) et l’ONU/Sida a permis d’établir un constat sans appel : l’intégration de la lutte contre le VIH/Sida dans les activités humanitaires devient impérative. Cette approche intégrée représente désormais une priorité absolue pour les services de santé de la Tshopo, confrontés à une double crise humanitaire et sanitaire.
Les chiffres récents viennent confirmer l’urgence de la situation. Lors d’une campagne de dépistage VIH menée sur le site de Simisimi à l’église Kimbanguiste, 4 cas positifs ont été identifiés sur 171 personnes testées, ce qui représente un taux de séropositivité de 2,3%. Ces données, bien que limitées à un échantillon restreint, soulignent la nécessité d’étendre rapidement les activités de dépistage VIH Sida Tshopo à l’ensemble des sites accueillant des déplacés guerre RDC.
Christine Sefu, secrétaire exécutif provincial du PNMLS, explique la stratégie mise en place : « Notre objectif est double : prévenir de nouvelles contaminations VIH sites déplacés et garantir la continuité des soins pour les personnes déjà vivant avec le virus. Nous travaillons actuellement à l’élaboration d’un document de plaidoyer pour mobiliser les fonds nécessaires à cette lutte. »
Cette initiative bénéficie du soutien actif de l’ONU/Sida, comme le confirme Benjamin Tshzubu Mutombo, représentant du bureau de l’organisation dans l’Est de la RDC : « La collaboration entre le PNMLS ONU Sida constitue un atout majeur pour coordonner les interventions. Le document de plaidoyer servira de base solide lorsque nous approcherons les partenaires techniques et financiers. »
La réponse sanitaire envisagée s’articule autour de plusieurs axes prioritaires. Le déploiement d’équipes mobiles de dépistage dans les différents sites de déplacés permettra d’évaluer avec précision l’ampleur réelle de la contamination. Parallèlement, des programmes de prévention et d’information adaptés au contexte spécifique des populations déplacées seront mis en œuvre.
Quels sont les défis concrets à relever ? La mobilité constante des populations déplacées, la difficulté d’accès à certains sites et la nécessité de maintenir la confidentialité des tests représentent autant d’obstacles que les équipes sanitaires devront surmonter. La sensibilisation des communautés et la formation des relais locaux apparaissent comme des éléments clés pour garantir le succès de cette intervention.
La situation des déplacés venus du Grand Nord (Nord-Kivu), de l’Ituri et des zones touchées par les conflits interethniques Mbole-Lengola reste particulièrement préoccupante. Ces personnes, déjà éprouvées par les violences et le déracinement, voient leur santé menacée par les conditions de vie dans les sites d’accueil.
Les spécialistes de la santé publique RDC insistent sur l’importance d’une approche globale. Au-delà du simple dépistage, il s’agit de mettre en place un système de prise en charge intégré, capable d’assurer le suivi des personnes dépistées positives et de prévenir la transmission secondaire.
Cette mobilisation des services spécialisés s’avère d’autant plus cruciale que les déplacés guerre RDC représentent une population extrêmement vulnérable. L’interruption des traitements pour les personnes déjà sous antirétroviraux, le manque d’accès aux moyens de protection et la précarité économique aggravent considérablement les risques sanitaires.
La réussite de cette initiative dépendra en grande partie de la mobilisation des ressources nécessaires et de la coordination entre les différents acteurs humanitaires et sanitaires. Le PNMLS et l’ONU/Sida entendent jouer un rôle de catalyseur pour fédérer les énergies autour de cet enjeu de santé publique majeur.
Face à cette situation complexe, une question se pose : comment concilier urgence humanitaire et réponse sanitaire durable ? La solution réside probablement dans l’articulation entre interventions immédiates et stratégies à long terme, entre actions curatives et programmes de prévention.
La protection de la santé des populations déplacées ne se limite pas à une question technique ou médicale. Elle engage également la responsabilité collective face à des personnes déjà éprouvées par les conflits et les déplacements forcés. La lutte contre le VIH/Sida dans ces contextes particuliers représente ainsi un défi à la fois sanitaire, humanitaire et éthique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
