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Constant Mutamba dénonce un système judiciaire « mafieux » dans une lettre explosive

Dans une missive manuscrite de treize pages qui circule activement dans les cercles politiques kinois, l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba dresse un réquisitoire accablant contre le système judiciaire congolais. Rédigée le 7 novembre dernier, cette lettre intervient dans un contexte particulièrement sensible, deux mois après la condamnation de son auteur à trois ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics.

L’ancien garde des Sceaux ouvre son plaidoyer par une métaphore médicale saisissante, qualifiant la corruption de « cancer destructeur » dont les « métastases » frappent de plein fouet les populations congolaises. Cette analogie n’est pas sans rappeler le discours des pères fondateurs de l’indépendance africaine, qu’il cite abondamment – Patrice Lumumba, Thomas Sankara ou Nelson Mandela – comme pour mieux souligner la rupture avec l’idéal panafricain originel.

La lettre de Constant Mutamba constitue un document politique d’une rare virulence, où l’ancien ministre règle ses comptes avec ce qu’il nomme les « réseaux mafieux politico-judiciaires ». Selon ses affirmations, ces structures parallèles auraient « détruit notre pays » et déployé plus de deux millions de dollars dans une campagne médiatique visant à le discréditer. Des accusations gravissimes qui, si elles étaient vérifiées, remettraient en cause les fondements mêmes de l’État de droit en République Démocratique du Congo.

Le cœur de la missive cible une transformation « miraculeuse » du système judiciaire, instrumentalisé selon lui à des fins politiques. Mutamba dénonce des violations flagrantes des règles de procédure, des privations de droits fondamentaux et des dossiers fabriqués de toutes pièces. Son propre cas, impliquant un prétendu détournement de 19 millions de dollars, serait l’illustration parfaite de ces dérives. L’ancien ministre plaide pour une justice « débureaucratisée, transparente et équitable », un vœu pieux dans le contexte actuel ?

La stratégie politique de Constant Mutamba apparaît subtile : tout en fustigeant l’entourage présidentiel, il préserve la figure de Félix Tshisekedi, présenté comme une victime de ses collaborateurs. « Le président est mal compris par ceux censés l’aider et le protéger », avance-t-il, créant ainsi une distinction habile entre le chef de l’État et son appareil gouvernemental. Cette approche interroge : s’agit-il d’une tentative de dialogue ou d’une manœuvre pour diviser le camp présidentiel ?

Les questions rhétoriques de Mutamba résonnent comme un avertissement : « Qu’est-ce que la République a réellement gagné derrière ce procès ? Est-il conseillé de perdre un lieutenant de premier rang en temps de guerre ? » Derrière ces interrogations se profile une critique acerbe des priorités de gouvernance et de la fragilité du système judiciaire, où « les règles de droit s’entremêlent avec les humeurs personnelles ».

L’ancien ministre déplore l’absence de solidarité gouvernementale et accuse certains collaborateurs du président de « combattre tous ceux qui l’aident réellement ». Ces accusations, si elles restent à vérifier, jettent une lumière crue sur les luttes intestines qui mineraient l’administration Tshisekedi. La référence à la « maîtresse Bonnette Elombe », dont le décès est présenté comme suspect, ajoute une dimension tragique à ce récit.

Constant Mutamba décrit des conditions de détention difficiles – privation de liberté, de soins médicaux appropriés et de tout moyen de communication – qui, si confirmées, poseraient de sérieuses questions sur le respect des droits fondamentaux dans le système pénitentiaire congolais. Son appel à mettre « fin à ce système mafieux » et à imposer « des sanctions exemplaires » sonne comme un ultime avertissement aux autorités.

Cette affaire Mutamba Tshisekedi dépasse largement le cadre d’un simple règlement de comptes politique. Elle met en lumière les tensions profondes qui traversent l’appareil d’État congolais et interroge la capacité du système à se réformer. Le président joue gros dans ce dossier, dont l’issue pourrait influencer durablement la perception de son action en matière de lutte contre la corruption.

Alors que la RDC traverse une période cruciale de son histoire, la lettre de Constant Mutamba pose une question fondamentale : jusqu’où l’instrumentalisation de la justice peut-elle fragiliser les institutions sans mettre en péril l’équilibre même de la nation ? La réponse à cette interrogation déterminera peut-être l’avenir politique du Congo pour les années à venir.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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