La province du Maniema, longtemps confrontée à des défis infrastructurels majeurs, voit enfin poindre une lueur d’espoir avec l’annonce officielle du financement acquis pour la construction du pont Ulundi sur la Route nationale 31. Cette révélation, faite lors de la 2e édition de la conférence sur les mines, l’énergie et les infrastructures à Kindu, marque un tournant décisif dans le désenclavement de cette région stratégique de la République Démocratique du Congo.
Matthieu Kamulete Amisi, coordonnateur provincial intérimaire du Programme d’appui au développement rural inclusif et résilient (PADRIR), a confirmé que la Banque Arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et le Fonds de l’OPEP (OFID) ont mobilisé les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet phare. Le calendrier établi prévoit le lancement des études techniques en 2026, suivi du début effectif des travaux de construction en 2027.
Mais pourquoi ce pont Ulundi revêt-il une importance aussi cruciale pour l’économie du Maniema ? La réponse réside dans sa position géostratégique entre les localités de Kailo et Punia. Cet ouvrage d’art constituera le maillon manquant permettant de rendre totalement praticable la RN31, cet axe vital qui connecte Kindu à Kisangani, Goma et Bukavu, tout en facilitant la jonction avec les routes nationales RN1 et RN2.
Le programme PADRIR souligne avec insistance les enjeux agricoles colossaux liés à ce projet. Actuellement, l’absence d’infrastructures routières viables paralyse littéralement le potentiel agricole de la province. Les produits des zones rurales peinent à atteindre les marchés urbains, tandis que les intrants agricoles essentiels ne parviennent pas jusqu’aux producteurs locaux. Cette situation crée un cercle vicieux de pauvreté et de sous-développement que la construction du pont Ulundi contribuera à briser.
Sur le plan économique, l’impact attendu de ce projet de désenclavement du Maniema dépasse largement le simple cadre des transports. En fluidifiant la circulation des biens et des personnes, le pont Ulundi devrait dynamiser les échanges commerciaux interprovinciaux, réduire significativement les coûts de transport et ouvrir de nouveaux débouchés pour les producteurs locaux. Les économistes estiment que de telles infrastructures peuvent générer une augmentation de 15 à 20% de la valeur commerciale des produits agricoles en réduisant les pertes post-récolte.
La question qui se pose maintenant est celle de la mise en œuvre effective de ce calendrier. Le programme PADRIR, fort de son expérience en matière de développement rural, devra garantir le respect des délais annoncés et la qualité des travaux à venir. La transparence dans la gestion des fonds et le suivi rigoureux des différentes étapes du projet seront déterminants pour son succès final.
Au-delà de ses retombées économiques immédiates, le pont Ulundi symbolise une avancée majeure dans la politique de désenclavement des provinces congolaises. Il s’inscrit dans une vision plus large de développement territorial équilibré et d’intégration économique nationale. Son achèvement permettrait au Maniema de jouer pleinement son rôle de plaque tournante dans les échanges entre les différentes régions du pays.
Les perspectives ouvertes par ce projet sont considérables : réduction de l’isolement des communautés rurales, amélioration de l’accès aux services sociaux de base, stimulation des investissements privés et création d’emplois locaux. Autant d’éléments qui pourraient transformer durablement le paysage socio-économique de toute la province.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
