Dans l’arène politique congolaise, une journée parlementaire dédiée à la planification et à la budgétisation sensibles au genre s’est imposée comme un tournant stratégique dans l’approche des finances publiques. Sous l’égide conjointe d’ONU Femmes, du PNUD et de la MONUSCO, cette initiative révèle une volonté d’ancrer l’égalité des sexes au cœur même des mécanismes budgétaires nationaux.
Le gouvernement congolais joue-t-il véritablement son rôle d’acteur principal dans cette transformation ? La question mérite d’être posée, alors que ce sont les partenaires internationaux qui semblent impulser cette dynamique. Les députés des commissions « Économie, Finances et Contrôle Budgétaire » et « Égalité des Chances, Famille et Enfant » ont été conviés à renforcer leurs capacités pour intégrer une perspective de genre dans les processus budgétaires. Une démarche qui interroge sur la maturité politique du parlement congolais en matière de genre.
L’analyse des résultats annoncés révèle une ambition mesurée. Les participants ont développé une compréhension commune des principes de la budgétisation sensible au genre, mais jusqu’où cette compréhension se traduira-t-elle en actions concrètes ? Le renforcement des capacités des députés en matière d’analyse critique des documents budgétaires et d’amendement des textes financiers constitue une avancée notable, cependant, la véritable épreuve réside dans la mise en œuvre effective.
La formulation de recommandations stratégiques à transmettre au gouvernement et aux partenaires techniques et financiers soulève une question fondamentale : ces recommandations seront-elles suivies d’effets ou rejoindront-elles le cimetière des bonnes intentions ? L’amélioration de l’efficacité, de la transparence et de l’impact du budget national pour l’exercice 2026 représente un défi de taille pour un État souvent critiqué pour sa gestion des deniers publics.
Le parlement congolais se trouve ainsi placé devant une responsabilité historique. Au-delà de l’adoption traditionnelle des lois de finances, les élus devront désormais s’assurer que les budgets traduisent concrètement les engagements étatiques en matière d’égalité des sexes. Cette évolution nécessite un suivi renforcé des allocations budgétaires et une capacité accrue à amender les textes financiers, mais surtout, une exigence de redevabilité dans l’utilisation des ressources publiques.
La budgétisation sensible au genre en RDC représente-t-elle une simple opération de communication ou marque-t-elle le début d’une véritable transformation structurelle ? La réponse dépendra de la capacité des institutions congolaises à s’approprier cette démarche au-delà des initiatives ponctuelles soutenues par les partenaires internationaux.
L’implication d’ONU Femmes RDC dans ce processus souligne l’importance stratégique de l’égalité des sexes dans le développement national. Cependant, le véritable enjeu réside dans l’appropriation nationale de ces principes, au-delà du soutien technique et financier des partenaires internationaux. La planification budgétaire genre doit devenir une compétence endogène du parlement congolais, et non une compétence importée.
À l’heure où la RDC cherche à affirmer sa souveraineté économique, la maîtrise des outils de budgétisation sensible au genre pourrait constituer un marqueur de modernité institutionnelle. Reste à savoir si les élus congolais sauront transformer cette opportunité en levier de transformation durable pour l’égalité entre les sexes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
