À Kinshasa, une inquiétante vague de transformations corporelles déferle sur la jeunesse féminine, soulevant des questions cruciales sur la santé publique et l’influence des standards de beauté étrangers. Les injections éclaircissantes pour le teint et la chirurgie BBL (Brazilian Butt Lift) gagnent en popularité, mais à quel prix pour la santé des Congolaises ?
Les réseaux sociaux et certaines célébrités internationales propagent cet idéal de beauté basé sur le teint clair et les formes généreuses, créant une pression sociale difficile à ignorer pour de nombreuses jeunes femmes. Pourtant, ces pratiques soulèvent de sérieuses préoccupations médicales que tout le monde devrait connaître avant de se lancer dans ces transformations.
Les injections éclaircissant le teint représentent-elles vraiment une solution sans danger ? La réalité médicale suggère le contraire. Ces produits contiennent souvent des substances qui peuvent perturber gravement l’équilibre hormonal, provoquer des dermatoses sévères et, dans les cas les plus graves, augmenter le risque de développer certains cancers. Imaginez-vous injecter dans votre corps des composés dont les effets à long terme restent méconnus même par les spécialistes ?
Du côté du BBL, la situation n’est guère plus rassurante. Cette chirurgie visant à augmenter le volume des fesses est souvent pratiquée dans des conditions précaires, parfois même clandestinement. Les risques infectieux sont considérables, sans parler des complications post-opératoires qui peuvent survenir des mois ou des années après l’intervention. Comment expliquer cette prise de risque démesurée pour correspondre à des standards de beauté éphémères ?
Les témoignages recueillis dans les rues de Kinshasa révèlent une population partagée entre fascination et méfiance. Un mécanicien quadragénaire s’interroge : « Certaines femmes vont jusqu’à risquer leur vie pour ressembler à des influenceuses des réseaux. Ce n’est pas normal. » Un conducteur de taxi-moto renchérit : « Une femme doit rester naturelle. Il faut que le gouvernement interpelle tous ceux qui détruisent la masse avec ces pratiques. »
Face à cette situation, des voix s’élèvent pour proposer des alternatives plus saines. Le journaliste Welcome Ngimbi préconise des solutions naturelles comme des exercices de gainage qui permettent de renforcer le corps sans danger. « Il faut apprécier ce que l’on est, être fier de son corps. Tout ce qui est artificiel comporte des risques, parfois graves », souligne-t-il.
La question réglementaire devient urgente. Le juriste Roland Mboyo interpelle les autorités congolaises : « Le ministère de la Santé doit agir pour protéger la population. Il faut s’assurer que les médecins qui font ces opérations sont réellement spécialistes, savoir comment ils procèdent et interdire ces pratiques tant qu’elles ne sont pas maîtrisées ici. »
Les risques potentiels vont au-delà des complications immédiates. Des spécialistes alertent sur la possibilité de voir apparaître des malformations chez les jeunes filles et même des problèmes génétiques chez les enfants à naître. Ne devrions-nous pas plutôt célébrer la beauté naturelle congolaise que de courir après des standards importés ?
Entre désir de plaire et besoin d’appartenance, les Kinois restent partagés. Mais une chose est certaine : pour la majorité, les injections pour le teint et le BBL ne sont pas synonymes de beauté, mais de danger et d’aliénation. La vraie question n’est-elle pas de savoir comment construire une société où chaque femme peut s’épanouir sans mettre sa santé en péril ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
