Dans un contexte où la diversification économique s’impose comme impératif national, le ministre d’État en charge de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Muhindo Nzangi, a tracé une feuille de route ambitieuse pour la province du Maniema. Lors de la deuxième édition de la conférence sur les mines, l’énergie et les infrastructures tenue à Kindu, le ministre a placé l’agriculture au cœur du développement provincial, avec un accent particulier sur les cultures pérennes.
Le gouvernement déploie-t-il une stratégie cohérente pour transformer le secteur agricole congolais ? La réponse semble affirmative au vu des annonces concrètes formulées par Muhindo Nzangi. Le ministre a en effet dévoilé un plan d’action structuré autour de trois axes majeurs : la réhabilitation du premier Centre d’appui à la production et à la sécurité alimentaire (CAPSA) du Maniema, le lancement d’une campagne de promotion des cultures pérennes, et la création de pépinières publiques dans chaque secteur et chefferie.
« Le gouvernement de la République dirigé par le Président Félix Tshisekedi est engagé dans le développement du pays et du Maniema en particulier. On ne peut pas développer cette province sans la désenclaver », a souligné le ministre, reconnaissant ainsi les défis infrastructurels qui entravent le plein potentiel agricole de la région. Cette déclaration intervient alors que le Maniema, riche en terres arables, peine encore à optimiser sa production agricole.
L’accent mis sur les cultures pérennes – café, cacao et palmier à huile – représente une orientation stratégique majeure. Ces cultures, contrairement aux productions saisonnières, offrent une stabilité économique durable et constituent des sources de revenus pérennes pour les agriculteurs. Le développement économique du Maniema passe nécessairement par cette transition vers des modèles agricoles plus résilients et économiquement viables.
La création de pépinières publiques répond à un enjeu crucial : faciliter l’accès aux plants pour les agriculteurs intéressés. « Cela permettra à toute personne désireuse de planter ces cultures de le faire sans grande difficulté. Le travail est déjà lancé, et la population doit s’en approprier », a précisé Muhindo Nzangi. Cette mesure technique, apparemment modeste, pourrait avoir un impact transformationnel sur l’agriculture Maniema en réduisant les barrières à l’entrée pour les petits producteurs.
Comment évaluer l’impact potentiel de ces initiatives sur la sécurité alimentaire en RDC ? Les spécialistes du développement rural estiment que l’investissement dans les cultures pérennes constitue une approche à double dividende : renforcement de la sécurité alimentaire locale et création de valeur ajoutée pour l’exportation. La stratégie de Muhindo Nzangi agriculture s’inscrit dans cette logique de valorisation des avantages comparatifs provinciaux.
Le ministre a par ailleurs lancé un appel à la confiance et à l’engagement communautaire, affirmant : « Nous sommes à un tournant déterminant pour le développement intégral de la RDC. Il est temps que chaque citoyen joue sa partition ». Cette invocation à la mobilisation collective souligne la dimension participative du développement économique du Maniema, où l’implication des communautés locales apparaît comme un facteur déterminant de succès.
Les cultures pérennes en RDC représentent-elles véritablement le levier de développement que le gouvernement présente ? Les données économiques disponibles suggèrent que ces filières offrent des perspectives prometteuses. Le café et le cacao congolais bénéficient déjà d’une reconnaissance internationale, tandis que l’huile de palme répond à une demande intérieure croissante. L’enjeu réside désormais dans la capacité à structurer ces filières et à garantir des débouchés stables aux producteurs.
Cette initiative s’inscrit dans la vision gouvernementale plus large de diversification de l’économie nationale. En misant sur l’agriculture comme secteur stratégique, les autorités entendent réduire la dépendance aux industries extractives et créer des emplois durables en milieu rural. Le développement économique Maniema pourrait ainsi servir de laboratoire pour une nouvelle approche du développement rural en République Démocratique du Congo.
La réhabilitation des infrastructures d’appui à l’agriculture, combinée à la promotion active des cultures pérennes, constitue une réponse concrète aux défis de productivité et de compétitivité du secteur agricole congolais. Reste à observer comment ces annonces se traduiront en actions sur le terrain, et dans quelle mesure la population du Maniema s’approprier effectivement ces nouvelles opportunités économiques.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
